La zone euro va tenter une nouvelle fois mardi soir de se mettre d'accord sur le versement d'une aide à la Grèce bloquée depuis des mois, et de trouver comment réduire la dette grecque, une question qui divise les Européens et le FMI, les principaux créanciers du pays.

Après une énième réunion non conclusive lundi dernier, les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent mardi à partir de 11h00 (heure du Québec) à Bruxelles dans l'espoir de trouver une solution.

«Nous allons vers un accord, mais partiel», a indiqué un diplomate européen, laissant entendre que certaines questions ne seraient réglées qu'en décembre.

La Grèce attend depuis juin une tranche d'aide de 31,2 milliards d'euros provenant d'un prêt promis début 2012. Elle attend également d'ici la fin de l'année deux tranches de cinq milliards et 8,3 milliards d'euros.

Pour obtenir le feu vert, Athènes a dû mettre en place une série de mesures d'austérité, qui ont été bien accueillies. «J'espère qu'on (...) va finalement avoir un calendrier définitif sur le versement (des prêts)», a affirmé vendredi le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras.

Mais la situation est complexe: les créanciers de la Grèce doivent aussi trouver comment réduire l'énorme dette grecque, qui menace d'atteindre 190% en 2014, et comment combler un trou de financement de 32 milliards d'euros, deux sujets qui expliquent en partie le retard pris dans les versements.

Un désaccord majeur est apparu la semaine passée entre le FMI et le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, qui est prêt à repousser l'échéance à laquelle la Grèce doit ramener sa dette à 120% du PIB, jusqu'en 2022 au lieu de 2020.

Mais le FMI refuse catégoriquement cet allongement du délai, ce qui promet un nouveau bras de fer lors de la réunion de l'Eurogroupe, à laquelle participeront la patronne du FMI, Christine Lagarde, et le président de la BCE, Mario Draghi.

Pour Mme Lagarde, il faut être certain que les créanciers de la Grèce poursuivent «les mêmes objectifs» à savoir que la Grèce puisse «se remettre sur ses pieds et avoir accès de nouveau aux marchés aussi vite que possible».

Autre dossier brûlant: comment combler le trou de 32 milliards d'euros, qui résulte des dérapages des deux premiers plans d'aide à la Grèce et du délai de deux ans accordé au pays pour qu'il mène à bien son ajustement budgétaire.

Le secteur privé ayant déjà consenti un effacement de dette de 107 milliards d'euros, les regards sont braqués sur les bailleurs de fonds publics (FMI-UE-BCE) qui se renvoient la balle pour ne pas avoir à payer l'addition.

Ils excluent tout nouveau prêt ou nouvelle restructuration de la dette grecque, qui serait synonyme d'un troisième plan d'aide.

Le directeur du Fonds de secours européen (FESF), l'Allemand Klaus Regling, a déclaré lundi qu'un nouvel effacement d'une partie de la dette grecque ne pourrait avoir lieu qu'en cas de «situation extrême», comme pour l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.

Plusieurs solutions sont à l'étude, notamment un abaissement des taux d'intérêt des prêts déjà consentis à la Grèce, ou un rachat par le pays d'une partie de sa dette à prix cassés.

M. Stournaras a prévenu récemment que les acrobaties financières auxquelles Athènes a recours pour éviter la faillite avaient leurs limites.

La Grèce a pu rembourser vendredi 5 milliards d'euros de titres grâce à la levée de fonds menée plus tôt dans la semaine, mais le pays dépend des prêts de la zone euro et du FMI pour honorer les échéances de ses emprunts.