La zone euro va encore traverser une zone de turbulences en 2013, marquée par une croissance en berne, des dérapages budgétaires et un chômage de masse, avant d'espérer une éclaircie, notamment en Grèce après six années de récession, selon la Commission européenne.

Plus pessimiste qu'auparavant, Bruxelles estime dans ses prévisions économiques d'automne publiées mercredi que la zone euro devrait sortir de récession en 2013 mais avec une croissance au point mort (+0,1%). Elle devrait renouer avec la croissance l'année suivante (+1,4%).

Avec cette croissance atone, la zone euro fera face en 2013 à un chômage s'approchant des 12%, un niveau record, et une dette publique à 94,5%.

«Si la situation sur le marché de l'emploi était plus défavorable que prévu, la confiance et les perspectives de croissance en souffriraient», prévient la Commission.

À l'échelle des 27 pays de l'Union européenne, Bruxelles table sur une croissance de 0,4% en 2013, et de 1,6% en 2014.

«L'Europe traverse une période difficile de rééquilibrage macroéconomique qui va encore durer un certain temps. (...) Les tensions sur les marchés se sont apaisées, mais il est trop tôt pour s'en réjouir», a estimé le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn.

En conséquence, le Vieux-Continent doit, selon lui, «continuer à combiner des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles afin de créer les conditions qui permettront une croissance durable, capable de réduire le chômage par rapport aux niveaux élevés actuels, qui sont inacceptables».

Mais les réformes voulues par Bruxelles sont difficiles à faire accepter. À Athènes, les députés doivent se prononcer mercredi soir sur un projet de loi controversé resserrant l'étau de rigueur sur le pays pour quatre ans supplémentaires, sous la contrainte de ses créanciers.

Ce vote est déterminant pour le déblocage des prêts européens et du FMI, et intervient sur fond de grève et manifestations anti-austérité dans le pays.

Dans ce pays, le taux de chômage devrait atteindre 24% l'an prochain, et ne connaître qu'une très légère amélioration en 2014. La Commission anticipe aussi une explosion de la dette, qui devrait atteindre 188,4% du PIB en 2013 et atteindre un sommet en 2014 à 188,9%.

Les situations varient considérablement selon les pays. L'Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel venait à Bruxelles mercredi pour plaider en faveur de plus d'intégration économique et monétaire, s'affiche comme le très bon élève de la zone euro, avec un équilibre de ses comptes publics attendu en 2014.

Après la capitale européenne, Mme Merkel se rend à Londres pour tenter de sortir de l'impasse les négociations sur le budget de l'UE pour la période 2014-2020.

D'autres pays multiplient les dérapages comme l'Espagne, qui ne va pas atteindre ses objectifs de réduction budgétaire en 2013 et en 2014 et restera ancrée en récession l'année prochaine (-1,4%).

Selon les estimations de Bruxelles, le déficit budgétaire espagnol va atteindre 8% du PIB cette année, 6% en 2013 avant de remonter à 6,4% en 2014.

Un camouflet pour le premier ministre conservateur Mariano Rajoy qui avait promis de repasser sous la barre des 3% en 2014. Il avait d'ailleurs obtenu un an de plus par ses partenaires européens pour atteindre cet objectif.

Ces mauvais chiffres risquent de relancer les appels pour que le pays demande un plan d'aide pour son économie, en plus de l'aide accordée pour ses banques.

Autre pays en difficulté: la France qui devrait dévier de sa trajectoire budgétaire en 2013 mais aussi en 2014, avec un déficit public à 3,5% dans les deux cas, alors que Paris s'est engagé à le ramener à 3% l'an prochain.

La croissance dans la deuxième économie de la zone euro ne devrait en outre pas dépasser 0,4% en France en 2013, selon la Commission, soit bien moins que prévu par le gouvernement français qui table sur 0,8%.

L'horizon ne devrait s'éclaircir pour l'Europe qu'en 2014. Tous les pays de la zone euro --y compris la Grèce-- devraient être sortis de récession. À l'exception de Chypre, qui attend jeudi la troïka des bailleurs de fonds (UE, FMI, BCE) pour conclure un accord sur le plan de sauvetage de son économie.