Le gouvernement grec a déposé lundi soir au Parlement le nouveau train de rigueur que doit adopter le pays, dont le cas figurait à l'agenda du G20 à Mexico, pour espérer rester sous perfusion internationale de l'UE et du FMI.

Le projet de loi-cadre pluriannuel, prévoyant sur 1500 pages un nouveau tour de vis et 18,5 milliards d'euros d'économies d'ici 2016, doit être voté en procédure d'urgence mercredi, ont indiqué les services du Parlement.

Le dépôt du texte a été retardé de plusieurs heures au vu des négociations intenses entre les trois dirigeants du gouvernement de coalition, menée par le premier ministre conservateur Antonis Samaras, afin de tenter un compromis entre eux sur les nouvelles économies.

Les bailleurs de fonds internationaux du pays attendent ce vote, ainsi que celui du budget 2013 qui doit suivre dimanche, pour décider s'ils continuent de financer la Grèce, tout en discutant parallèlement d'autres questions cruciales portant sur la viabilité à terme de la dette du pays.

Le cas grec a été discuté en marge de la réunion du G20 à Mexico, où un haut responsable européen a assuré que la réunion de l'Eurogroupe du 12 novembre, un temps présentée comme décisive pour la reprise du versement des prêts à la Grèce, ne serait qu'un «point d'étape», sans décision formelle.

«L'Eurogroupe du 12 novembre est un point d'étape. On n'a pas le pistolet sur la tempe pour arriver à une décision formelle le 12» a affirmé ce responsable.

En Grèce, le pays a commencé lundi à tourner au ralenti, avec des débrayages sectoriels, avant une grève générale mardi et mercredi.

Les journalistes de tous les médias, écrits, radiotélévisés ou électroniques ont observé une grève 24 heures, empêchant toute diffusion d'information. Aucun journal ne sera distribué mardi.

Les hôpitaux ont aussi tourné au ralenti, avec du personnel d'astreinte.

Dans l'électricité, des grèves reconductibles de 48 heures devaient démarrer lundi soir à l'appel du syndicat de la société publique d'électricité (Dei).

Mardi et mercredi, la mobilisation prendra de l'ampleur, notamment dans les transports, avec les bus et trolleys immobilisés à Athènes. Les dessertes maritimes vers les îles seront annulées, des vols supprimés ou retardés et des trains annulés.

Des rassemblements et défilés sont également prévus dans le centre d'Athènes et dans d'autres villes, pour culminer au moment du vote de la loi-cadre.

En sus d'un report à 67 ans, contre 65 ans actuellement, de l'âge légal de départ à la retraite, de coupes dans les pensions et prestations sociales, de suppressions d'emplois dans la fonction publique et de révisions à la baisse de salaires publics, ce nouveau train de rigueur prévoit de nouvelles mesures de dérégulation du marché de travail.

Il s'agit du quatrième train de mesures d'austérité imposé au pays depuis 2010 en échange de prêts UE-FMI qui lui ont jusqu'à présent évité la faillite, mais ont accru son endettement.

Son adoption est une condition préalable à la poursuite des versements des prêts à la Grèce, et notamment une tranche de 31,2 milliards d'euros retardée depuis juin et vitale pour le pays.

Considéré comme un test pour la cohésion du gouvernement de coalition droite-socialiste-gauche modérée de M. Samaras, le vote doit précéder celui sur le budget 2013 dimanche.

Alors que le gouvernement possède théoriquement une majorité confortable de 175 députés sur les 300 que compte le Parlement, la défection possible de 16 députés du petit parti de la Gauche démocratique (Dimar) qui s'opposent aux réformes sur la dérégulation du marché de travail, devrait affaiblir la cohésion gouvernementale, sans toutefois mettre en danger l'adoption des mesures.

Le comité central du Dimar s'est réuni lundi soir pour discuter sur la ligne du parti en vue du vote de mercredi.

Dimanche, Fotis Kouvelis, chef du Dimar, avait réaffirmé son opposition aux réformes touchant le marché du travail, et notamment à la réduction des indemnités de licenciements.

De son côté, Evangélos Vénizelos, chef des socialistes Pasok et ex-ministre des Finances, a réaffirmé son soutien au gouvernement en reconnaissant néanmoins le choix difficile auquel sont confrontés les députés pour voter ces mesures «douloureuses».

M. Samaras a appelé, lui, son parti Nouvelle-Démocratie à voter «pour le maintien du pays dans l'euro» pour éviter «la catastrophe».