De la Corée du Sud à l'Indonésie, en passant par la Chine, les signes laissant croire que le ralentissement économique causé par la crise européenne tire à sa fin se multiplient en Asie.

Tout comme le soleil se lève à l'Est, les premières lueurs d'une reprise mondiale durable nous viennent également d'Orient ces temps-ci.

Deuxième économie de la planète et principal moteur asiatique, la Chine était porteuse d'une bonne nouvelle jeudi dernier. L'industrie manufacturière chinoise a renoué avec la croissance en octobre. Un indice officiel, qui mesure l'activité industrielle, est ressorti à son meilleur niveau en huit mois.

«Les nouvelles commandes ont aussi augmenté, bien que marginalement, pour la première fois en 12 mois», ajoute la Banque HSBC qui publie son propre indice manufacturier, également en hausse.

Rappelons que l'essoufflement des exportations vers l'Occident ainsi qu'une faiblesse de la demande domestique ont provoqué une baisse de la croissance en Chine, qui est tombée au troisième trimestre à 7,4%. Un septième recul consécutif.

Pour soutenir l'économie, la banque centrale chinoise a procédé à trois réductions des réserves obligatoires des banques depuis décembre, leur permettant de prêter davantage, ainsi qu'à deux baisses des taux d'intérêt en juin et juillet.

L'impact de ces mesures, ainsi qu'une amélioration du marché immobilier ont soutenu la demande intérieure. Par contre, tout n'est pas réglé, car la fragilité des marchés extérieurs représente «le risque le plus notable» pour l'économie chinoise, souligne dans une note la banque J.P. Morgan. Bref, la Chine n'est pas encore au bout de ses peines.

Les «Tigres» se réveillent

Reste que des éclats de lumière jaillissent un peu partout en Asie. Le rebond des exportations de la Corée du Sud en octobre, après trois mois consécutifs de contraction, confirme le frémissement de la quatrième économie asiatique.

Les exportations sud-coréennes se sont accrues de 1,2% sur un an, à 47,2 milliards US, après une contraction de 2,0% en septembre.

La Corée du Sud, qui exporte des voitures (Hyundai, Kia), des navires (Hyundai Heavy) ou encore de l'électronique (Samsung, LG), souffre de la crise européenne, d'une faible reprise aux États-Unis et du ralentissement chinois.

Or, «l'économie redémarre un peu», estime prudemment un analyste de la firme Tongyang Securities cité par l'agence Dow Jones, ajoutant qu'une tendance durable dépend d'une relance franche aux États-Unis et en Chine.

Pour leur part, les «Tigres» d'Asie du Sud-Est font aussi des envieux en Occident. La progression du PIB (produit intérieur brut) de l'Indonésie devrait atteindre 6,3% cette année, celle des Philippines à 5,5% et celle de la Thaïlande à 5,2%, selon la Banque asiatique de développement.

D'où vient cette vigueur? Le marché domestique, surtout dans le cas de l'Indonésie. Quatrième nation la plus peuplée de la planète, ce vaste archipel dépend relativement peu des exportations, son économie reposant plutôt sur la consommation en raison d'une classe moyenne en croissance. Certains croient que l'Indonésie va un jour supplanter l'Inde au plan économique.

Or, les Tigres asiatiques constatent aussi une demande accrue pour leurs produits sur les marchés étrangers ces jours-ci.

Un tournant

Qui plus est, l'Asie arrive à un tournant majeur, avec l'ouverture du 18e congrès du Parti communiste jeudi en Chine.

Cela marquera la fin d'une période d'incertitude, car on choisira les nouveaux leaders du gouvernement qui pourront enfin s'occuper d'économie.

«Les plus hauts responsables devraient se concentrer de nouveau sur la politique économique», estime Bank of America-Merrill Lynch dans une note financière.

Peu de gens s'attendent à un important programme de relance de plusieurs centaines de milliards, comme celui qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en 2009. Mais les mesures de soutien actuelles devraient être poursuivies, voire bonifiées, car la santé de l'économie américaine, malgré là aussi quelques signes encourageants la semaine dernière, reste fragile.

«La reprise de la croissance n'est pas encore solide», insiste Merrill Lynch. Raison de plus de scruter l'horizon vers l'Est, le matin, avant d'aller travailler...

LES ALLEMANDS ACHÈTENT

Toujours à l'est de nous, mais un peu plus près: les Allemands continuent de consommer en dépit de la morosité ambiante sur le Vieux Continent.

Les ventes de détail en Allemagne ont grimpé de 1,5% en septembre - nettement plus que les analystes ne le prévoyaient. Même si le chômage a augmenté dans la première économie européenne depuis le printemps, le moral des ménages allemands est aussi à la hausse. Autre bonne nouvelle.