L'Espagne se rapprochait jeudi d'une demande d'aide financière qu'elle a reportée pendant des mois, à la veille d'un sommet où les Européens vont débattre de la supervision bancaire et des moyens de renforcer l'Union monétaire.

Si, sauf coup de théâtre, aucune demande formelle de Madrid n'est attendue jeudi ou vendredi à Bruxelles, elle pourrait intervenir dès la semaine prochaine, a confié à l'AFP une source diplomatique européenne.

«Les choses évoluent», a confirmé ce diplomate, et l'Espagne pourrait faire appel au Mécanisme européen de stabilité (MES) pour ensuite déclencher une intervention de la Banque centrale européenne sur le marché de la dette.

L'idée serait que Madrid demande une ligne de crédit de précaution, pour bénéficier du soutien de l'institut de Francfort, sans pour autant puiser dans les fonds européens. Ce scénario a été alimenté par des fuites du gouvernement espagnol.

L'Espagne pourrait donc profiter du sommet européen pour «expliciter les conditions qui seraient exigées en échange d'une aide», qui viendrait s'ajouter à la ligne de crédit déjà accordée pour ses banques en juin, précise le diplomate.

Pour autant, il ne faut pas s'attendre jeudi et vendredi à des «développements sur la situation financière et macroéconomique» de l'Espagne et de la Grèce, a prévenu mercredi la Commission européenne.

C'est à un «sommet d'étape» auquel le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a convié les dirigeants des 27, afin d'explorer les pistes pour aller plus loin dans l'intégration économique et mieux articuler discipline et solidarité. L'idée est d'aboutir à des décisions lors du sommet de décembre.

Le principal débat politique porteur de tensions est celui entre les 17 membres de la zone euro et les 10 autres pays de l'UE.

«On voit bien que la zone euro se dote de plus en plus de mécanismes et de structures propres. Nous devons veiller à éviter une Union européenne à deux vitesses», indique une source européenne.

Les Européens vont notamment tenter d'avancer sur leur projet d'union bancaire, qui passe par un superviseur unique des banques de la zone euro. Mais des désaccords importants subsistent sur le calendrier et sur la forme.

L'Allemagne défend une mise en place pas à pas de ce mécanisme adossé à la BCE, quand Paris pousse à avancer «le plus vite possible».

«Nous avons pris les bonnes décisions au sommet des 28 et 29 juin et nous avons le devoir de les appliquer, rapidement», a réaffirmé mercredi le président français François Hollande dans un entretien à plusieurs journaux européens, dont Le Monde.

La mise en place d'un superviseur bancaire est d'autant plus importante que c'est la condition pour qu'un mécanisme de recapitalisation directe des banques voit le jour. Ce point intéresse au plus haut point l'Espagne, qui craint de voir l'aide financière pour ses banques alourdir sa dette publique.

Autre sujet de débat pour les 27: la proposition de budget central de la zone euro avancée par M. Van Rompuy. Une idée qui séduit sur le principe, mais que tous les États membres ne conçoivent pas de la même manière.

Londres voit dans ce projet un argument pour réduire sa part dans le budget pluriannuel de l'UE, qui sera discuté lors d'un sommet fin novembre.

Berlin l'envisage comme une «capacité budgétaire» limitée permettant d'inciter les États à mettre en place des réformes structurelles, tandis que Paris y voit un outil de solidarité pour permettre à un pays en difficulté d'absorber d'éventuels chocs.

Sans parler ouvertement d'euro-obligations, M. Van Rompuy envisage un instrument qui serait capable d'emprunter sur les marchés. Mais Berlin s'oppose catégoriquement à toute forme d'émission commune de dette.

Le président Hollande s'est de nouveau prononcé mercredi pour «une mutualisation partielle des dettes» dans la zone euro.