La monnaie chinoise a atteint vendredi son plus haut niveau face au dollar, ce qui pourrait selon les analystes être une réponse aux pressions des États-Unis, qui jugent le yuan sous-évalué.

L'élection présidentielle américaine début novembre et un rapport semestriel que Washington va prochainement publier sur les politiques de taux de change ont pu amener Pékin à laisser le yuan s'apprécier, selon les observateurs.

La monnaie chinoise s'échangeait à 6,264 yuans pour un billet vert sur le marché des changes chinois, son plus haut niveau depuis que ce marché a été mis en place en 1994.

«Nous n'excluons pas que la Chine puisse prendre des mesures préventives avant l'élection américaine», a déclaré à l'AFP Liu Dongliang, analyste à la China Merchants Bank.

«Mais il est plus probable qu'il s'agisse d'un geste avant le rapport à venir sur les taux de change» du Trésor américain, selon cet analyste.

Les États-Unis accusent la Chine de sous-évaluer sa monnaie pour avantager ses groupes exportateurs.

Pékin affirme en retour rendre le taux de change de plus en plus flexible, et a élargi en avril la bande de fluctuation quotidienne de 0,5 % à plus ou moins 1 % par rapport au dollar, autour d'un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale.

Le candidat républicain à la présidence des États-Unis, Mitt Romney, a répété jeudi qu'il classerait la Chine comme un pays manipulant sa monnaie s'il est élu, ce que l'administration américaine s'est toujours pour l'instant refusée à faire, se contentant de souligner au printemps dernier que le yuan était «significativement sous-évalué».

Mais il est également possible que Pékin laisse le yuan s'apprécier pour des raisons intérieures.

«Les autorités pourraient vouloir émettre un signal pour renforcer la confiance dans l'économie chinoise en permettant à la monnaie de s'apprécier», selon Jiang Shu, analyste du marché des changes à l'Industrial Bank.

Le mouvement d'appréciation du yuan, qui a gagné environ 45 % par rapport au dollar depuis 2005 et 14 % par rapport à 2010, s'était arrêté ces derniers mois, alors que la croissance de l'économie chinoise ralentit.

En mars, le premier ministre chinois Wen Jiabao avait indiqué que le yuan était à un niveau «proche de l'équilibre», tandis que les signes de fuite des capitaux se sont récemment multipliés dans le pays.

Chine: le volume des prêts bancaires a diminué en septembre

Le volume des prêts bancaires a diminué en septembre sur un mois en Chine, après avoir fortement progressé au mois d'août grâce aux efforts du gouvernement pour soutenir l'activité économique.

Les nouveaux prêts accordés par les banques chinoises ont atteint le mois dernier 623,2 milliards de yuans (76,7 milliards d'euros), contre 703,9 milliards de yuans en août.

Le montant des prêts pour septembre est inférieur à la moyenne des prévisions de 15 économistes interrogés par l'agence financière Dow Jones.

En injectant à plusieurs reprises des liquidités dans l'économie, la banque centrale chinoise a récemment voulu encourager les banques commerciales à prêter davantage pour soutenir l'activité.

L'économie chinoise souffre notamment des difficultés rencontrées par ses exportateurs aux États-Unis et surtout en Europe, leur premier débouché aujourd'hui frappé par la crise des dettes souveraines.

La croissance du PIB chinois est tombée à 7,6 % au deuxième trimestre, son niveau le plus bas en trois ans, et devrait encore avoir ralenti davantage au troisième trimestre, selon les analystes.

Le chiffre de la croissance pour le 3e trimestre est attendu le 18 octobre.

La banque centrale a baissé à deux reprises les taux d'intérêt directeurs en juin et juillet et a diminué trois fois depuis décembre les réserves obligatoires des banques, pour les inciter à prêter davantage.