La Guinée a obtenu de ses créanciers étrangers un allègement de sa dette publique de 2,1 milliards de dollars, ont annoncé mercredi le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Cette remise «représente une réduction de 66% du futur service de sa dette extérieure sur une période de 40 ans», indiquent les deux organisations internationales dans un communiqué commun.

Le Fonds et la Banque «ont déterminé que la Guinée avait accompli des progrès satisfaisants (...) pour atteindre le point d'achèvement dans le cadre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés» (PPTE), ajoute le texte.

Lorsque ce point est atteint, «l'allègement de la dette au titre de cette initiative devient irrévocable et le pays est admis à bénéficier de l'Initiative d'allégement de la dette multilatérale (IADM)», rappelle le communiqué.

Le FMI et la Banque mondiale précisent que pour y parvenir, la Guinée a notamment mis en «oeuvre de façon satisfaisante» une «stratégie de réduction de la pauvreté», maintenu «un solide cadre de politique macroéconomique» et pris des mesures ayant permis d'augmenter le taux de scolarisation dans le primaire et le taux d'immunisation des enfants.

Selon les deux organisations, environ 70% de l'allègement de dette proviendra de créanciers multilatéraux et le reste de créanciers bilatéraux et commerciaux.

La réduction de dette consentie au profit de la Guinée doit permettre aux autorités de Conakry d'«allouer davantage de ressources à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique», ajoute leur communiqué.

Le Fonds et la Banque jugent néanmoins qu'«il restera crucial d'assurer une solide gestion macroéconomique ... afin que le pays puisse tirer le meilleur parti de ses abondantes ressources minières et des autres sources potentielles de croissance».

Le FMI a annoncé séparément avoir débloqué mercredi 28,3 millions de dollars supplémentaires au profit de la Guinée correspondant à la deuxième tranche de la facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans qu'il lui a accordée en février.

Cela porte à 56,6 millions de dollars environ (sur 198,1 millions promis) le montant total que la Guinée peut tirer au guichet du fonds au titre de cet instrument d'aide aux pays à faibles revenus connaissant des difficultés prolongées de balance des paiements.

Indépendante depuis 1958, la Guinée est dirigée depuis novembre 2010 par Alpha Condé, opposant de longue date aux différents régimes dictatoriaux qui se sont succédés pendant plus de 50 ans.

A Conakry, M. Condé a estimé dans un communiqué que l'allègement de dette accordé à son pays marquait une «étape clef» sur «la voie du redressement économique».

Premier exportateur mondial de bauxite, le pays possède des gisements de minerai de fer très convoités, mais aussi de l'or, du diamant, du pétrole. Selon les Nations unies, plus de 50% de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté, le plus souvent sans eau potable ni électricité.

Selon les dernières données du FMI, la dette publique de la Guinée atteignait 3,4 milliards de dollars fin 2011 (au taux de change actuel), soit 72% du PIB du pays.

La Guinée est le 34e pays à obtenir un allègement de dette irrévocable dans le cadre de l'initiative PPTE, lancée en 1996.