La Chine va continuer «à jouer son rôle» pour aider l'Europe à résoudre la crise de la dette, a promis jeudi le premier ministre chinois, Wen Jiabao, à l'issue du 15e sommet UE-Chine.

«La Chine continuera à jouer son rôle pour aider à résoudre la crise de la dette en Europe par les moyens appropriés», s'est engagé M. Wen devant le président de l'UE, Herman Van Rompuy et le président de la Commission, José Manuel Barroso.

M. Wen s'est ainsi voulu rassurant alors qu'il s'apprête à tirer sa révérence après 10 ans aux commandes du gouvernement chinois. M. Wen, qui a prévu de quitter la direction du Parti communiste chinois cet automne puis le gouvernement en mars, a rappelé que «la Chine est un ami de confiance et un partenaire pour l'Union européenne».

La Chine a déjà renforcé sa contribution au FMI en échange d'un renforcement de sa quote-part, a-t-il rappelé. Et Pékin n'a jamais cessé, ces derniers mois, d'acheter des obligations d'État des pays de la zone euro, tout en «discutant activement de moyens de coopération» avec le fonds de sauvetage permanent de la zone euro.

Les Européens comptent sur les Chinois pour soulager la crise d'endettement qui mine leurs économies. L'UE souhaite notamment que Pékin utilise une partie de ses colossales réserves de change, évaluées à plus de 3200 milliards de dollars, en les investissant sur le marché obligataire du continent.

Le communiqué officiel publié à l'issue du sommet souligne que «la partie chinoise s'est dite convaincue que les mesures appropriées ont été prises pour lutter contre la crise de la dette souveraine de la zone euro».

Européens et Chinois ont également profité de leur sommet pour conclure un accord en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les questions environnementales sont un fréquent sujet de discorde entre la Chine et l'UE.

Cet accord demeure modeste et ne fait pas référence explicitement à la taxe européenne sur les émissions de CO2 des compagnies aériennes que Pékin conteste. Mais il a été salué comme «un pas important» par la commissaire européenne chargée du Climat, Connie Hedegaard.

Le texte prévoit le développement de mécanismes d'échange de quotas en Chine, à travers trois programmes de réduction d'émissions de CO2 que l'UE aidera à hauteur de 25 millions d'euros sur une période de quatre ans, tout en apportant une assistance technique.

Le document final n'évoque pas les sujets qui divisent Chinois et Européens.

Dès son arrivée au sommet, M. Wen avait ainsi réclamé la levée de l'embargo européen sur les armes.

«Franchement, je regrette profondément le maintien de l'embargo sur les armes», a-t-il dit.

Cet embargo a été imposé à Pékin après la répression meurtrière des manifestations pro-démocratiques de juin 1989. Mais les Européens sont divisés quant à sa levée.

Le Premier ministre chinois a également regretté que la Chine n'ait toujours pas obtenu la reconnaissance du statut d'économie de marché qu'elle réclame depuis longtemps.

Il offrirait à Pékin de meilleures garanties d'accès au marché européen pour ses produits, en mettant la Chine à l'abri de clauses anti-dumping.

Mais des dirigeants européens estiment que ce serait prématuré, la plupart des mastodontes de l'économie chinoise étant toujours des sociétés étatiques, qui bénéficient de nombreux privilèges, comme l'accès au crédit bon marché.

La Chine doit recevoir le statut d'économie de marché en 2016, après avoir accepté une période d'attente de 15 ans suite à son intégration dans l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Outre l'embargo sur les ventes d'armes et le statut d'économie de marché, Pékin et Bruxelles divergent sur le dossier syrien. Et plusieurs dossiers commerciaux (acier, terres rares, panneaux solaires...) sont épineux.