Les États-Unis ont ouvert lundi un nouveau front dans leur guerre commerciale avec la Chine en portant devant l'OMC des accusations de subventions illégales à l'exportation automobile, auxquelles Pékin a répliqué par une action visant des mesures «anti-dumping» américaines.

En pleine campagne présidentielle, l'administration Obama a saisi l'Organisation mondiale du commerce pour dénoncer le milliard de dollars de subventions que Pékin aurait illégalement versées entre 2009 et 2011 pour aider son industrie automobile à écouler ses produits à l'étranger.

La Chine «semble fournir des subventions à l'exportation qui sont interdites par les règles de l'OMC», a indiqué le département américain du Commerce, précisant avoir sollicité une «demande de consultations» devant l'OMC, première étape de la procédure de règlement des conflits.

«La Chine bénéficie des règles du commerce international et doit en échange se conformer à ses obligations internationales», a estimé le représentant spécial au Commerce, Ron Kirk.

En l'espace de 10 ans, les exportations automobiles chinoises aux États-Unis ont flambé pour atteindre 69,1 milliards de dollars en 2011 contre seulement 7,4 milliards en 2001, selon Washington.

De leur côté, les constructeurs américains se remettent à peine de la grave crise de 2008-2009 dont certains (General Motors et Chrysler) ne se sont relevés qu'avec l'aide massive de l'État.

«Les faits sont indiscutables. La Chine subventionne son secteur des équipementiers automobiles (et) bloquent nos exportations», a affirmé l'Alliance pour l'industrie américaine (AMA), un groupe de pression qui estime à 1,6 million le nombre d'emplois menacés aux États-Unis par ces pratiques.

Contacté par l'AFP, le groupe américain Ford s'est montré plus prudent en soulignant qu'une relation américano-chinoise «saine» était «importante».

Mais pour le moment, cette relation est surtout déséquilibrée. Le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine s'est hissé à un nouveau record en juillet, à 29,3 milliards de dollars, en hausse de 7% par rapport à juin, faisant de Pékin le coupable idéal des maux de l'économie américaine.

Mises en cause, les autorités chinoises n'ont pas tardé à réagir et ont à leur tour saisi l'OMC lundi afin de protester contre des «mesures compensatoires et antidumping» adoptées par les États-Unis et visant un grand nombre de produits exportés dans ce pays.

Selon l'OMC, la Chine cible notamment le papier, l'acier, les pneus, les aimants, les produits chimiques et les éoliennes, qui auraient du mal à passer les frontières commerciales américaines.

Ce nouvel accroc entre les deux puissances mondiales vient en tout cas s'ajouter à une longue liste.

«Nous avons engagé plus d'actions contre la Chine en un mandat que la précédente administration ne l'avait fait en deux mandats», s'est félicité lundi le président américain Barack Obama lors d'un meeting dans l'Ohio des États-Unis.

En juillet, son administration avait annoncé une action devant l'OMC pour contester la légalité de droits de douane appliqués par la Chine aux exportations d'automobiles américaines.

En mars, les États-Unis avaient de nouveau saisi l'organisation de Genève pour accuser Pékin de restreindre ses exportations de métaux appelés «terres rares» (cérium, lithium..) indispensables pour fabriquer les éoliennes ou les téléphones portables.

En juillet, l'OMC leur avait par ailleurs donné gain de cause en condamnant les pratiques de la Chine en matière de paiements électroniques par cartes, qui désavantageaient les entreprises américaines.