Au début d'une semaine chargée sur le plan économique et social pour la Grèce, le premier ministre Antonis Samaras a entamé une nouvelle série de discussions lundi avec la troïka UE-FMI-BCE, les représentants des créanciers du pays, qui réclament des mesures d'austérité supplémentaires et controversées en échange du déblocage de nouveaux prêts.

Cette rencontre avec les représentants de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international intervient à la veille des entretiens qu'Antonis Samaras doit avoir avec le président de la BCE Mario Draghi à Francfort.

Les responsables de la troïka sont «en train d'évaluer» les propositions du gouvernement grec pour un programme de coupes budgétaires de 11,5 milliards d'euros sur 2013-2014, a précisé le ministre des Finances, Yannis Stournaras. «C'est une discussion difficile, parce que ces mesures sont dures», a-t-il dit devant la presse après avoir assisté lundi aux négociations.

Dimanche, lors de ses discussions avec Yannis Stournaras, la troïka avait rejeté une partie des propositions grecques.

Antonis Samaras doit à la fois tenter de contenter ses créanciers, sous peine de perdre une aide vitale pour le pays, et de ne pas s'aliéner le soutien de ses partenaires au sein de la coalition de centre-gauche, qui refusent ouvertement certaines mesures trop douloureuses.

L'effondrement de la coalition formée fin juin ouvrirait la voie à l'arrivée au pouvoir de Syriza, ou Coalition de la gauche radicale. Ce parti veut revenir sur les engagements pris par Athènes en échange des deux plans d'aide internationaux destinés à éviter une faillite du pays, au risque de sortir de la zone euro.

Le gros des nouvelles mesures d'économies réclamées à la Grèce devrait venir d'une baisse des pensions de retraite et des salaires des fonctionnaires. Ces mesures n'ont pas encore été approuvées par les deux partis partenaires de la Nouvelle démocratie (conservateur) d'Antonis Samaras, le PASOK (socialiste) et la Gauche démocratique. Ces deux formations ont dit vouloir épargner les plus bas revenus et refusent des baisses de pensions générales.

Autre point de contentieux, les licenciements dans le secteur public, dans lequel travaille un Grec sur quatre et qui garantissait la sécurité de l'emploi. Dans le secteur privé, des centaines de milliers d'emplois ont été détruits, plus de 1,2 million de personnes, soit 24,4% de la population active, étaient au chômage en juin dernier.

Mercredi, M. Samaras va essayer de convaincre une nouvelle fois ses partenaires de soutenir les nouvelles mesures d'austérité. Les trois partis ont promis de respecter les engagements de la Grèce, tout en essayant d'assouplir les conditions, notamment en demandant une extension de deux ans du délai fixé pour mettre en oeuvre les nouvelles coupes budgétaires.

M. Stournaras a assuré lundi qu'il n'était pas question qu'Athènes reporte la présentation des nouvelles mesures, attendue lors de la réunion informelle des ministres européens des Finances à Nicosie à Chypre en fin de semaine.

De leur côté, les inspecteurs de la troïka doivent rendre ce mois-ci leur rapport sur les efforts de la Grèce pour réduire ses déficits. Un rapport favorable entraînera le déblocage de la prochaine tranche de prêt de 31 milliards d'euros environ.

Les syndicats s'opposent fermement aux nouvelles mesures. Le principal syndicat de fonctionnaires ADEDY a annoncé lundi qu'il prévoyait d'appeler à une grève générale dans un avenir très proche avec la fédération de syndicats du secteur public GSEE.

Lundi, les professeurs d'université ont lancé une grève de deux jours qui intervient pendant les examens de septembre. Ils dénoncent les nouvelles mesures qui amputeront selon eux leur rémunération de plus d'un quart, alors qu'ils déjà perdu 25 pour cent au cours des deux dernières années.

Les professeurs des écoles et les infirmières d'État feront grève mercredi au deuxième jour de l'année scolaire et les enseignants du secondaire ont aussi prévu des arrêts de travail. Jeudi, ce sont les percepteurs des impôts qui seront en grève. Syndicats de magistrats et policiers avaient organisé des manifestations la semaine dernière.