L'Allemagne et le Canada chercheront à enlever les derniers obstacles sur le chemin de l'accord de libre-échange en préparation entre Ottawa et l'Union européenne, lors de la visite de la chancelière Angela Merkel qui commence mercredi à Ottawa.

«C'est l'accord commercial le plus épineux pour l'Union européenne», a reconnu un responsable proche de Mme Merkel, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

En pourparlers depuis trois ans, les deux parties souhaitent conclure avant la fin de l'année.

Selon le responsable allemand, les principaux obstacles concernent la propriété intellectuelle, les marchés publics et certains aspects du secteur des services.

«Ce sont des domaines où le Canada doit bouger et j'imagine que Mme Merkel va en parler», a-t-il ajouté.

Son hôte, le premier ministre conservateur Stephen Harper, semble s'y attendre.

«Au moment où le Canada et l'Union européenne travaillent en vue de conclure les négociations de libre-échange, je suis impatient d'avoir une discussion ouverte avec la chancelière Merkel et d'aborder la question des défis auxquels fait face l'économie mondiale», avait-il déclaré en annonçant la première visite bilatérale de la dirigeante allemande.

Sur la question des marchés publics, ce sont les provinces canadiennes qui craignent la concurrence des entreprises européennes. Elus locaux et syndicalistes ont manifesté à Ottawa en décembre dernier, déplorant le manque de transparence des pourparlers menés par le gouvernement fédéral.

«Relations de confiance»

La chancelière et M. Harper sont, dans cet ordre, les deux dirigeants du G8 les plus anciens dans leurs fonctions. Mme Merkel s'était rendue au Canada en 2010 pour des réunions du G8 et du G20. Selon un responsable allemand, «ils se téléphonent régulièrement et ont noué, avec les années qui passent, des relations de confiance».

Pourtant, concernant la crise économique européenne, «les deux pays ne sont pas aussi proches qu'ils pourraient l'être», assure à l'AFP le numéro deux de l'ambassade d'Allemagne au Canada, Georg Jürgens, qui doute que la position des deux dirigeants puisse changer à l'issue de cette visite.

Un expert de l'Union européenne, professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal, Frédéric Mérand, le confirme.

Si le Canada et l'Allemagne se ressemblent par la stabilité de leurs institutions financières et leur dépendance vis-à-vis des exportations, leurs positions face à la crise européenne sont diamétralement opposées.

Alors que «l'Allemagne a été beaucoup sollicitée» pour régler la crise de la zone euro, «le Canada est le seul pays du G8 qui refuse complètement de contribuer à tout plan de relance de l'économie européenne», note M. Mérand.

Ottawa avait refusé entre autres d'augmenter sa contribution dans le cadre du Fonds monétaire international (FMI).

L'Allemagne pourrait souhaiter que le Canada en fasse davantage. Mais «en même temps Merkel est consciente qu'elle fait elle-même l'objet de demandes insistantes et ce n'est pas une très bonne chose diplomatiquement de répercuter ce genre de demande», dit encore Frédéric Mérand.

Pour un haut responsable allemand, toutefois, «chaque pays doit décider pour lui».

En tant que pays exportateurs, le Canada et l'Allemagne souhaitent diversifier et augmenter leurs échanges. Celles du Canada vers l'Allemagne ont augmenté de plus de 7% en 2011, atteignant 5,3 milliards d'euros.

À l'issue de 24 heures passées à Ottawa, la chancelière se rendra à l'Université Dalhousie à Halifax, sur la côte atlantique du Canada. Docteur en chimie, Mme Merkel s'y entretiendra avec des chercheurs canadiens de biologie marine et de questions environnementales.