Le premier ministre de l'Italie prévient que la crise endémique de la dette souveraine dans la zone euro a suscité du ressentiment entre les pays membres, qui pourrait éventuellement mener à un éclatement encore plus large de l'Union européenne.

Mario Monti a déclaré à la revue allemande Der Spiegel, dans une entrevue publiée dimanche, que les tensions vécues dans la zone euro depuis quelques années «portent les traces de la dissolution psychologique de l'Europe», ajoutant que l'Europe «doit travailler fort pour la contenir».

La crise de la dette a montré ses premiers signes en Grèce il y a plus de deux ans, avant d'engouffrer à leur tour l'Irlande et le Portugal. Les trois États ont dû être secourus par un plan de sauvetage. L'Espagne a récemment demandé une aide financière pour renflouer ses banques, et l'Italie, troisième économie de la zone euro, a été grièvement affectée par la hausse constante des frais d'emprunt pour sa dette gouvernementale.

Questionné à propos d'un ressentiment prononcé entre les États du sud, perçus par certains comme libertins, et ceux du nord, plus économes, le premier ministre Monti a déclaré au Der Spiegel que «c'est très alarmant», ajoutant qu'il fallait se battre contre ce sentiment.

Il a admis du même souffle qu'il y avait des préjugés de part et d'autre de la frontière nord-sud en Europe.

Un quotidien italien a publié en une cette semaine une photo de la chancelière allemande Angela Merkel, souvent critiquée pour son insistance à vouloir mettre en oeuvre des mesures d'austérité et une discipline financière de fer dans les pays touchés par la crise. L'image était accompagnée de la mention «Quatrième Reich», en référence à une nouvelle génération de régime nazi.

Les médias allemands n'ont pas été plus tendres envers la Grèce et d'autres pays du sud de l'Europe, les accusant d'avoir échoué à respecter leurs engagements financiers auprès des 17 autres membres de la zone euro.