La crise européenne cause des maux de tête à bien des gens ces temps-ci. Mais à 10 jours des vacances de la construction, elle risque de faire sourire les Québécois qui s'apprêtent à boucler leurs valises pour mettre le cap vers le Vieux Continent.

Exception faite d'un creux de quelques jours atteint en juin 2010, l'euro n'a jamais été aussi bas par rapport au dollar canadien de toute son histoire. L'euro a encore baissé hier pour se négocier autour de 1,25$CAN.

«Ce sont les tenants et aboutissants de toute l'incertitude qui flotte dans les marchés par rapport à l'Europe depuis des semaines, explique François Bélanger, directeur des marchés de change chez BMO Marchés des capitaux. Avec le dollar canadien qui s'apprécie et l'euro qui faiblit, c'est sûr que c'est intéressant pour le consommateur qui veut s'acheter des euros à bon prix.»

Pour le voyageur qui paierait les taux officiels, cela signifie que la chambre du petit hôtel de Montmartre qui lui coûtait 175$ il y a trois ans ne coûte maintenant plus que 135$. Et il économiserait 4$ sur le prix d'entrée au Louvre.

Évidemment, les véritables économies des touristes dépendront des taux de change dont ils bénéficieront en changeant leur argent ou en utilisant leurs cartes de crédit.

N'empêche: l'Europe a rarement été aussi accessible aux Canadiens qu'actuellement.

Selon François Bélanger, de la BMO, il n'y a pas lieu cependant de brûler les feux rouges pour se précipiter au bureau de change avant que les cours de l'euro ne remontent.

«À moins que quelque chose d'imprévu ne survienne, je ne pense pas qu'il y ait de rebond immédiat. La faiblesse relative de l'euro risque de se poursuivre», dit-il.

«Il y a encore passablement de pression à la baisse sur l'euro. Même quand il y a des accalmies, ça ne dure pas longtemps et ça recommence à baisser», observe aussi Frédéric Mayrand, premier vice-président, marchés des capitaux, chez BNP Paribas. M. Mayrand souligne que le dollar canadien est de son côté notamment soutenu par la hausse des prix du gaz naturel.

Pas d'impact sur les touristes

Ce taux de change historiquement bas ne semble pas encore avoir modifié les habitudes des voyageurs. Chez Air Transat, on affirme que les ventes vers l'Europe sont au même niveau que l'an dernier.

«J'ai l'impression que les gens ne suivent pas les taux de change de si près», dit aussi Jimmy Georgiadis, gérant des agences Netvacances et Voyage Funtastique Rex, qui observe en fait une baisse de la demande vers l'Europe.

«Ce qu'on voit dans les médias, ce sont les crises économiques, les pays comme la Grèce et l'Espagne qui ont des problèmes avec leur dette... Je crois que ça a davantage d'impact que le prix des devises», dit-il.

Chez Tourisme Montréal, la crainte de voir les Européens bouder la métropole en raison du taux de change n'est pas encore installée. L'an dernier, 586 000 touristes européens ont visité Montréal, soit seulement 7,5% du nombre total. Les Européens ont cependant dépensé davantage que les autres touristes, injectant 378 millions de dollars dans la métropole, soit 17% du montant total.

Pierre Bellerose, vice-président aux relations publiques de Tourisme Montréal, croit que plusieurs éléments limiteront les effets négatifs du taux de change. D'abord, la plupart des voyages en provenance de l'Europe se réservent au printemps, alors que les cours des devises étaient plus favorables aux Européens. Il y a aussi le fait que 41% des touristes européens qui visitent Montréal proviennent de la France, un pays qui n'a pas connu les problèmes de la Grèce ou de l'Espagne.

«Il faut dire que l'euro a baissé par rapport à la plupart des devises, note également M. Bellerose. Ce n'est pas comme si le Canada était désavantagé par rapport aux autres destinations.»

DES ÉCONOMIES IMPORTANTES

Une chambre dans un petit hôtel de Montmartre (107 euros)

Il y a trois ans 175$CAN

Aujourd'hui 135$CAN

Une entrée au Louvre (10 euros)

Il y a trois ans 16$CAN

Aujourd'hui 12,50$CAN

SOURCE BLOOMBERG