La zone euro était sous pression mercredi pour mettre en forme le sauvetage des banques espagnoles et empêcher une contagion de la crise de la dette, alors que des informations circulaient sur un éventuel recours aux fonds de secours pour acheter de la dette souveraine.

Le chef du gouvernement italien Mario Monti a indiqué lors du G20 que la zone euro «réfléchissait» à puiser dans les fonds de secours européen pour racheter des titres de dette de pays fragiles, ont rapporté les médias italiens.

Objectif: lutter contre la flambée des taux d'emprunt qui touche de plein fouet l'Espagne et l'Italie sur le marché de la dette.

L'idée est de «renforcer la stabilité de la zone euro à travers des mécanismes qui permettent de primer les pays vertueux en faisant en sorte que ceux qui sont en règle sur le plan des finances (publiques) comme l'Italie» puissent bénéficier «de niveaux de "spread" (écart entre les taux d'un pays et ceux de l'Allemagne) moins anormaux», a souligné M. Monti.

«Il n'y a pas de projet concret dont j'ai connaissance, mais il y a la possibilité d'acheter les obligations d'État sur le marché secondaire» où s'échangent les titres de dette déjà en circulation, a réagi la chancelière allemande Angela Merkel.

Plus tôt, la Commission européenne s'était montrée sceptique, estimant que cette hypothèse aurait au mieux l'effet d'un «paracétamol financier», qui soulage, mais ne guérit pas. Aucune demande formelle n'a en outre été formulée, a indiqué Amadeu Altafaj, un porte-parole de la Commission.

«Nous sommes seulement en train de réfléchir aux instruments qui pourraient se révéler utiles pour apaiser la tension sur les marchés», a-t-il toutefois précisé.

Si le FESF était activé pour acheter des obligations, ce serait la première fois qu'il interviendrait de la sorte. Il se substituerait alors à la Banque centrale européenne qui peut le faire, mais s'en abstient depuis mi-mars, répétant que c'est aux États de s'aider eux-mêmes.

Cette question devrait dans tous les cas être abordée lors d'un mini-sommet réunissant vendredi à Rome les dirigeants allemand, français, italien et espagnol.

Alors que la Grèce s'apprête à annoncer la formation d'un gouvernement mené par le conservateur Antonis Samaras, les Européens se préparent à un marathon de réunions qui doit culminer avec le sommet des 28 et 29 juin à Bruxelles. Jeudi, les ministres des Finances de la zone euro se retrouveront à Luxembourg.

Ils vont à cette occasion peaufiner les détails du plan d'aide au secteur bancaire espagnol, et Madrid devrait en profiter pour demander officiellement l'aide de ses partenaires, selon plusieurs diplomates européens.

Cette demande interviendra après la publication d'un audit sur les banques espagnoles, dont le gouvernement a besoin pour chiffrer les besoins du plan de sauvetage. La zone euro s'est engagée à prêter jusqu'à 100 milliards d'euros.

Les ministres des Finances de la zone euro vont également se pencher sur la situation de la Grèce. D'ici là, un gouvernement sera formé et un ministre des Finances, fraîchement nommé, pourrait faire le déplacement à Luxembourg.

L'actuel président de la Banque nationale de Grèce Vassilis Rapanos est pressenti pour ce poste, selon la télévision publique grecque Net.

La Grèce veut obtenir une révision du plan de rigueur négocié en échange de l'aide internationale. Durant le sommet fin juin, «nous allons livrer la grande bataille pour la révision de l'accord de prêt et élaborer un cadre qui permette d'assurer la relance et lutter contre le chômage», a déclaré le dirigeant socialiste Evangelos Vénizélos à l'issue d'une rencontre avec M. Samaras.

A Bruxelles, les avis sont partagés sur la faisabilité de ce projet. «Toute réouverture (du mémorandum) nécessite d'être vue avec tous les pays de la zone euro et toute rallonge passe devant les Parlements», a rappelé mercredi une source diplomatique européenne.

Le sort de Chypre sera également à l'agenda. Nicosie va solliciter l'aide de la zone euro pour ses banques «probablement la semaine prochaine» et demander un prêt à la Russie, a indiqué mercredi à l'AFP une source diplomatique européenne.

L'idée serait que Chypre bénéficie d'une aide uniquement pour son secteur bancaire, sans mesures d'austérité en contrepartie, sur le modèle du sauvetage que l'Espagne va obtenir pour ses propres banques.