L'audit conduit par Blackrock fin 2011 sur les banques grecques, dont les conclusions n'ont jamais été publiées, a estimé à 30 milliards d'euros les pertes résultant des crédits qui ne seront pas remboursés, a révélé mardi le vice-président de la banque du Pirée.

«Les pertes attendues résultant de créances douteuses ont été évaluées par Blackrock (...) à 30 milliards sur les trois ans à venir», a déclaré Panayotis Roumeliotis lors d'une conférence organisée par l'Association des managers grecs, d'après un communiqué de presse.

Le gestionnaire d'actifs américain Blackrock avait conduit un audit sur les banques grecques afin d'évaluer précisement leurs besoins de recapitalisation et dont le résultat, qui devait initialement être connu début janvier, n'a jamais été rendu public.

Ses conclusions ont servi à déterminer le montant de l'enveloppe allouée par la zone euro aux banques grecques pour compenser les pertes subies lors de la vaste opération d'effacement de dette négociée au début de l'année par la Grèce avec ses banquiers privés.

Le coût de cette restructuration s'est élevé à plus de 23 milliards d'euros pour les quatre principales banques (Banque Nationale de Grèce, Alpha Bank, Eurobank et Banque du Pirée.

Au total, l'UE, via le Fonds européen de stabilité financière, a promis de venir en aide aux banques grecques à hauteur de 50 milliards d'euros.

Sur ce total, la moitié a déjà été versée à la Banque centrale grecque, à charge de répartir cette somme entre les différents établissements du pays.

Les quatre premières banques ont d'ores et déjà reçu 18 milliards d'euros.

Par ailleurs, M. Roumeliotis a reconnu que les «besoins financiers de la Grèce ont augmenté du fait d'une récession plus sévère que prévu, de la quasi-absence de recettes issues des privatisations et de l'extension éventuelle de la période d'ajustement budgétaire».

L'un des objectifs des dirigeants grecs, qui veulent renégocier le mémorandum imposé au pays par ses créanciers en échange de leur soutien financier, est précisément de repousser la mise en oeuvre des objectifs de réduction du déficit, comme cela a été envisagé pour l'Espagne par la Commission européenne.

L'ancien représentant du FMI juge que si l'Union européenne devrait consentir à une rallonge financière à la Grèce, il est peu probable que le FMI y consente.

Il ajoute qu'en cas d'allongement des délais d'ajustement, il est probable qu'on en vienne «tôt ou tard» à une deuxième restructuration de la dette grecque, portant cette fois sur la partie des obligations détenue par les créanciers publics du pays.

Il critique enfin l'attitude «punitive» de certains pays européens à l'égard de son pays, «qui n'aide pas la Grèce, ni ne contribue à sa stabilité», tout en reconnaissant que la Grèce doit balayer devant sa porte et faire enfin prévaloir l'intérêt national sur les intérêts des partis.