La directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Christine Lagarde, ne s'est pas fait d'amis en Grèce en semonçant récemment la population grecque quant à l'importance de l'évasion fiscale.

Plusieurs médias locaux se sont empressés de relever que l'administratrice de haut vol, avec un salaire annuel de près d'un demi-million de dollars exempté d'impôts, était mal placée pour faire la leçon.

La représentante du FMI a cependant reçu un appui de taille de la part du directeur de la brigade grecque des contrôles fiscaux, Nikos Lekkas.

Selon lui, l'évasion fiscale représente entre 12 et 15% du PIB du pays, soit de 40 à 45 milliards d'euros par an. «Si nous pouvions en récupérer ne serait-ce que la moitié, le problème de la Grèce serait résolu», a-t-il indiqué.

M. Lekkas a souligné que l'État grec devait en finir avec la «corruption systématique» qui touche le pays, en ciblant en particulier les élites.

L'évasion fiscale a longtemps été courante dans les professions libérales, reconnaît en entrevue Ioannis Baskozos, qui est vice-président de l'association médicale grecque.

«Il y avait une sorte de pacte implicite dans lequel l'État disait: «Je fais semblant de prodiguer les services qu'un État devrait fournir et vous faites semblant de payer les impôts que vous devriez payer»», résume-t-il.

Cet endocrinologue qui travaille à la fois dans le secteur public et le secteur privé affirme que près de la moitié des médecins pratiquant dans le secteur privé ont pendant des années sous-déclaré leurs revenus.

La pratique a cependant perdu de l'importance avec la crise économique, dit-il, puisque nombre de ces praticiens ont vu leurs revenus fondre, les patients n'ayant tout simplement plus les moyens de faire appel à leurs services.

Le problème de l'évasion fiscale ne toucherait plus aujourd'hui que 5% des médecins en pratique privée, souligne M. Baskozos, qui insiste sur l'importance pour le gouvernement de mettre un terme à ces pratiques.

Les fonctionnaires subissent pendant ce temps des ponctions à la source de plus en plus importantes et doivent composer avec des salaires de misère, note l'endocrinologue, qui reçoit 900 euros par mois de l'État.