Les taux à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie fléchissaient légèrement mercredi matin mais restaient proches de records historiques, alors que ceux des dettes allemandes et françaises progressaient, signe d'une méfiance généralisée envers les emprunts d'État européens.

Vers 4h30 (heure de Montréal), le rendement espagnol, qui évolue en sens inverse de la demande, s'établissait à 6,613% contre 6,651% mardi soir mais restait toujours proche de ses plus hauts historiques depuis la création de la zone euro. Il avait atteint ce plus haut mardi après-midi à 6,678%.

Même inflexion sur l'Italie avec des taux qui s'inscrivaient à 6,089% contre 6,156% mardi soir.

Malgré cette légère détente, due à des corrections techniques essentiellement, «ces deux pays continuent à faire face à des taux très élevés qui nous semblent intenables sur le long terme», font valoir les économistes de la BNP-Paribas.

La situation s'est en effet dégradée depuis lundi après l'annonce du plan d'aide aux banques espagnoles. Au lieu de calmer les marchés, ce plan susceptible de mobiliser jusqu'à 100 milliards d'euros, a soulevé de nombreuses questions et mis en danger l'ensemble des titres de la dette de la zone euro.

La zone euro est devenue tellement incompréhensible que les gérants de fonds préfèrent en sortir, indique-t-on dans les salles de marché. Les investisseurs internationaux vendent leurs positions, souligne-t-on.

Outre l'Espagne, les marchés sont également très nerveux à quelques jours du scrutin grec qui devra décider du sort de la Grèce au sein de la zone euro.

Dans ce contexte, même les emprunts d'États allemands considérés comme des valeurs sûres font les frais de cette méfiance. Les taux à 10 ans sont ainsi remontés à 1,503%, contre 1,423% mardi soir. Ceux de la France ont également progressé à 2,717%, contre 2,720% la veille.

L'Allemagne ne profite plus autant d'un repli des investisseurs vers les actifs sûrs.

«Les emprunts européens sont pénalisés par des craintes de détérioration dans l'ensemble de la zone euro», indiquent les stratégistes de BNP Paribas.

«Les investisseurs se rendent compte qu'il y au une mutualisation du risque possible. Du coup, s'il y a un gros problème sur l'Espagne ou l'Italie, l'Allemagne paiera», renchérit Paul Défossez, stratégiste obligataire chez Natixis.