Les résultats des législatives en Grèce, où les électeurs ont rejeté les partis pro-austérité, relancent les inquiétudes sur l'avenir du pays dans la zone euro, tandis que les marchés s'interrogent sur l'impact de l'élection de François Hollande en France.

Concernant la France, se démarquant clairement du chef de l'État sortant Nicolas Sarkozy, le socialiste François Hollande a promis au cours de sa campagne de ne pas ratifier le pacte d'austérité budgétaire voulu par l'Allemagne sans y adjoindre un volet sur la croissance.

Un refus pur et simple de le ratifier de la part de la France créerait une incertitude sur la stratégie européenne qui pourrait conduire à une sanction des marchés.

Des questions se posent aussi concernant les relations futures du nouveau président français avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour qui l'austérité constitue la voie incontournable de la sortie de crise. Et ce alors que le couple franco-allemand a joué un rôle clé dans la gestion de la crise de la dette depuis deux ans et demi.

Selon l'entourage de M. Hollande, il devait avoir un échange téléphonique avec elle dès dimanche soir.

Mais peu d'analystes tirent la sonnette d'alarme. «Gageons que l'Allemagne de Mme Merkel se montrera pragmatique, son orthodoxie s'arrêtant là où commencent les risques de récession liés à la mauvaise situation de ses partenaires européens», écrivent dans une note les économistes de BNP Paribas.

Dans une interview dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a d'ailleurs assuré que son pays était prêt à travailler à un pacte de croissance en Europe, preuve supplémentaire que les appels de M. Hollande à une stratégie de croissance ont été entendus.

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, avait ainsi déjà appelé fin avril à un tel «pacte de croissance». La Commission européenne prévoit une série d'initiatives pour relancer l'économie en s'appuyant sur des investissements stratégiques, et un sommet informel des dirigeants de l'UE sur le sujet est prévu dans les prochaines semaines.

Quoi qu'il en soit, à long terme, cette nouvelle orientation «devrait s'ajouter au pacte d'austérité budgétaire et non s'y substituer», anticipent les économistes d'ING.

«Aux yeux de la Commission européenne, il y a des éléments rassurants dans les discours de campagne de François Hollande, notamment dans le fait qu'il a confirmé l'objectif d'une réduction du déficit public à 3% en 2013», confie une source européenne. Et «quelles que soient ses intentions vis-à-vis du pacte budgétaire, M. Hollande a un objectif d'équilibre des finances publiques conforme à son esprit», souligne cette source.

En revanche, la lourde sanction infligée par les électeurs grecs aux partis pro-austérité au pouvoir, selon les premières estimations, devrait les empêcher de former une coalition: le Pasok (socialiste) et Nouvelle Démocratie (droite) se sont effondrés, ne rassemblant que 31 à 37% des voix à eux deux.

Les vainqueurs du scrutin sont des partis qui «défendent une renégociation des accords avec les créditeurs institutionnels, un rejet des mesures d'austérité ou la sortie pure et simple de la zone euro», soulignent les économistes d'UBS.

En conséquence, «si la Grèce n'honore pas ses engagements, il est tout à fait possible que le Fonds monétaire international, voire l'UE, refusent de débourser la prochaine tranche d'aide», même si un simple report, plutôt qu'une annulation, semble probable, soulignent ces analystes dans une note publiée avant l'annonce des résultats.

En attendant, cela risquerait d'empêcher le gouvernement grec de payer salaires et pensions, et d'entraîner «des troubles sociaux» dans le pays, avertissent-ils. Et de relancer les incertitudes sur l'avenir de la zone euro.

Quoi qu'il en soit, en Grèce comme en France, les réponses aux questions posées par les élections de dimanche ne se dessineront pas avant plusieurs semaines, le temps en Grèce de former un gouvernement ou d'organiser un nouveau scrutin le cas échéant, et en France de connaître le résultat des législatives de juin.