La Libye pourrait intenter des poursuites contre SNC-Lavalin si elle conclut que des employés de la firme montréalaise ont commis des actes illégaux en tentant de faire passer clandestinement Saadi Kadhafi au Mexique, prévient Mustafa Abushagur, vice-premier ministre de la Libye.

«Notre procureur général devra examiner cela très étroitement. Cette entreprise pourrait être traduite en justice si elle a tenté d'enfreindre les règles de notre pays», souligne le numéro 2 du gouvernement intérimaire.

Arrêtée au Mexique en novembre, la consultante ontarienne Cynthia Vanier est soupçonnée d'avoir ourdi un complot pour faire passer Saadi Kadhafi et sa famille dans ce pays. Elle est accusée de crime organisé, de falsification de documents et de tentative de trafic d'êtres humains.

Quelques jours avant son arrestation, Mme Vanier avait invité à Mexico Stéphane Roy, vice-président aux finances de SNC-Lavalin. M. Roy a quitté la firme en février.

L'été dernier, alors que Kadhafi s'accrochait au pouvoir, Mme Vanier s'était rendue en Libye pour une «mission d'établissement des faits». SNC-Lavalin avait payé 113 000$ pour cette mission, qui avait produit un rapport très critique à l'égard des rebelles et des frappes de l'OTAN.

Le rapport pro-Kadhafi avait été envoyé au ministère des Affaires étrangères du Canada, engagé avec les insurgés, contre le dictateur.

«Fondamentalement, quelque chose ne va pas avec ces gens! Beaucoup d'entreprises établies ici n'ont rien fait de ce genre», s'étonne M. Abushagur, lui-même ingénieur, qui a vécu la majeure partie de sa vie aux États-Unis.

Ahmed Al-Abbar, chargé des affaires économiques au Conseil national de transition, estime que l'affaire mexicaine risque de nuire aux chances de SNC-Lavalin de décrocher de futurs contrats. «Ils auront de gros problèmes. La Libye est libre, maintenant, il y a la télé, tout le monde peut parler de cette histoire. Les décisions ne se prendront plus comme avant.»