Près de la moitié des plus grandes fortunes mondiales sont gérées par des familles, dont l'implication varie en fonction de la zone géographique et du secteur d'activité, selon une étude Forbes Insights/Société Générale Private Banking publiée jeudi.

«Le business est-il toujours une affaire de famille?», s'interroge le rapport, qui répond en indiquant que 42% des fortunes analysées sont familiales, c'est-à-dire qu'au moins un parent au sens large s'implique dans l'entreprise, tandis que 52% sont gérées individuellement.

Les fortunes héritées et gérées par des familles sont plus nombreuses dans les marchés dits matures que dans les marchés émergents, souligne aussi ce rapport, réalisé auprès de 1253 grandes fortunes dans 12 pays du monde.

Les grandes fortunes étudiées disposent d'au moins un milliard de dollars (environ 753 millions d'euros), à l'exception de l'Inde (370 millions de dollars minimum), la Chine (500 millions) et Singapour (210 millions).

L'étude pointe des différences selon la zone géographique et l'activité. L'implication des familles est ainsi majoritaire dans les secteurs de la finance (64%), des services (64%), de la construction (57%) ou de l'alimentation (53%).

Le profil de grande fortune individuelle est au contraire prédominant dans les secteurs des technologies (76%), de l'énergie (66%) ou de la mode/distribution (57%).

Le secteur des technologies se démarque tout particulièrement, avec un profil d'entrepreneurs jeunes, souvent célibataires, qui ont commencé leur aventure avec des amis qui avaient les mêmes compétences qu'eux.

L'étude fait également apparaître des différences historiques ou culturelles selon les pays. Elle souligne la culture entrepreneuriale axée sur la famille en France (64% de fortunes familiales), l'esprit entrepreneurial du Royaume-Uni (75% de fortunes individuelles, plus qu'aux États-Unis) et le culte de la discrétion et du secret qui prévaut en Allemagne, pays qui compte le plus grand nombre de milliardaires en Europe.

L'Inde affiche le pourcentage le plus élevé de fortunes familiales (73%) tandis que le Moyen-Orient se distingue par une implication familiale dans l'entreprise «davantage liée à la culture qu'à la complexité des entreprises ou à l'histoire économique».

En Chine, les femmes entrepreneures représentent une part importante des plus grandes fortunes du pays, et la Russie dispose d'entrepreneurs «plus jeunes et plus téméraires qu'en Europe occidentale».

Sur une période de trois ans, les fortunes individuelles ont vu leur valeur nette progresser de 9%, soit plus vite que les fortunes familiales (4%), poursuit l'étude.

«Pour les grandes fortunes françaises, la crise est effacée», a en outre déclaré lors d'une conférence de presse Patrick Folléa, directeur France de l'activité de gestion de fortune de la SocGen, «et la part des très grandes fortunes augmente».

Leur comportement a néanmoins évolué, a-t-il ajouté. «Elles ont une plus grande exigence de transparence: quand elles prennent des risques, elles veulent comprendre lesquels», a expliqué M. Folléa.

«Globalement, l'allocation des actifs est plus conservatrice, probablement de manière durable», a-t-il commenté, en constatant que «l'appétit pour le marché actions ne (revenait) pas vite».