Le président Barack Obama a choisi à la surprise générale Jim Yong Kim, un médecin et anthropologue d'origine coréenne actuellement président de la prestigieuse université Dartmouth, comme candidat des États-Unis à la direction de la Banque mondiale.

Cette nomination, annoncée à l'AFP par un haut responsable de la Maison Blanche sous couvert de l'anonymat, doit être officialisée par M. Obama à 10h00 dans la roseraie de la Maison Blanche, selon une mise à jour de son programme quotidien.

Les postulants à la présidence de cette institution d'aide au développement avaient jusqu'à vendredi 18h00 pour se présenter à la succession de l'Américain Robert Zoellick.

En vertu d'un accord tacite entre l'Europe et Washington, la présidence de la Banque a toujours échu à un ressortissant des États-Unis tandis que celle du Fonds monétaire international (FMI) revenait à un Européen.

Lorsque M. Zoellick avait annoncé le 15 février qu'il abandonnerait ses fonctions le 30 juin, les États-Unis avaient indiqué n'avoir nullement l'intention d'abandonner leur chasse gardée.

La nomination annoncée de Jim Yong Kim constitue une surprise dans la mesure où son nom n'avait pas été mentionné parmi ceux des possibles candidats des États-Unis. Ceux de la secrétaire d'État Hillary Clinton, de l'actuelle ambassadrice à l'ONU Susan Rice ou de Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor, avaient en revanche circulé.

Médecin et anthropologue formé à Harvard, M. Kim, né il y a 52 ans à Séoul, la capitale de la Corée du Sud, a émigré aux Etats-Unis avec ses parents à l'âge de cinq ans, selon sa notice biographique sur le site internet de Dartmouth.

Ancien directeur chargé du dossier du sida à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il assurait depuis 2009 la présidence de cet établissement privé, parmi les plus prestigieux des États-Unis et installé depuis le milieu du XVIIIe siècle à Hanover (New Hampshire).

Parmi les anciens élèves de cette université figure en particulier l'actuel secrétaire au Trésor, Timothy Geithner.

Coïncidence, l'annonce par M. Obama de la nomination de M. Kim va intervenir quelques heures avant le départ du président pour la troisième visite officielle de son mandat en Corée du Sud, où il doit assister lundi et mardi à un sommet international sur la sécurité nucléaire.

Cette nomination pourrait toutefois se heurter à celle d'une Africaine, la ministre nigériane des Finances Ngozi Okonjo-Iweala, présentée par l'Afrique du Sud.

La ministre a affirmé s'attendre à «une lutte entre des candidats très forts» et assuré avoir «une longue expérience à la Banque mondiale, au gouvernement et dans la diplomatie (...) Je partage sa vision : lutter avec passion contre la pauvreté».

Mme Okonjo-Iweala, qui a été directrice générale de la Banque de 2007 à 2011, correspond en effet à tous les critères de sélection imposés par le conseil d'administration.

«C'est une candidature extrêmement sérieuse» qui oblige les États-Unis à lui opposer «une personnalité importante», avait indiqué aux États-Unis une source proche de la Banque, avant même que sa candidature ne soit officialisée.

D'autres noms étaient déjà connus, comme celui de l'ex-ministre des Finances colombien, José Antonio Ocampo, qui devrait être présenté par le Brésil, où de l'Américain Jeffrey Sachs, qui fait campagne en franc-tireur mais pourrait être parrainé par l'Inde ou l'Italie.

À Moscou, le conseiller économique du Kremlin, Arkadi Dvorkovitch, a estimé vendredi que la nationalité du prochain président de la Banque était moins importante qu'un accroissement du rôle des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dans ses instances dirigeantes.

 

Photo AP

Okonjo-Iweala