Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a implicitement rejeté mardi à Rome la possibilité de succéder au premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker fin juin à la tête de l'Eurogroupe.

«Il vous semble qu'un président du Conseil italien peut assumer d'autres charges ?», a répondu M. Monti, lors d'une conférence de presse aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel. Cette dernière n'a pas voulu se prononcer sur «des spéculations», se bornant à dire qu'elle appréciait «beaucoup le travail de Mario Draghi (président de la BCE) et de Mario Monti».

M. Monti a dit «prendre toute référence à sa personne comme un signe de respect, un compliment pour l'Italie et son gouvernement», avant d'ajouter la phrase où il se dit trop occupé pour présider l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro.

Outre ses fonctions de président du Conseil, M. Monti, arrivé à la tête du gouvernement en novembre pour succéder au pied-levé à Silvio Berlusconi, est également ministre de l'Économie et des Finances. De plus son mandat est court: il s'achèvera avec les législatives du printemps 2013.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker avait affirmé en recevant un prix universitaire à Bologne (nord-est) que M. Monti «serait un excellent président de l'Eurogroupe».

Il l'avait qualifié de «personnalité européenne de premier plan», disant admirer «ce qu'il a fait pour son pays et ce qu'il a fait au niveau européen». «C'est lui qui doit décider», avait-il ajouté, en l'assurant par avance de «son soutien».

Selon des informations du journal français Le Monde, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy aurait proposé à M. Monti de prendre la tête de l'Eurogroupe.

Mais pour succéder à M. Juncker, M. Monti serait en outre handicapé par un obstacle de taille que beaucoup relèvent à Bruxelles : l'Italie a déjà obtenu fin 2011 le poste de président de la BCE avec Mario Draghi. Confier ces deux institutions phare de la zone euro à deux Italiens en même temps serait dur à faire accepter, compte tenu des nécessités traditionnelles d'équilibre géographique pour la répartition des postes clés en Europe.

«C'est de la pure fiction, deux postes comme cela pour l'Italie ça ferait vraiment beaucoup», confiait récemment à l'AFP un diplomate européen à Bruxelles.

En outre, plusieurs pays, dont l'Allemagne, préfèreraient avoir que l'Eurogroupe soit dirigé par une personnalité d'un pays «triple A», comme l'a rappelé cette semaine le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.

M. Juncker a prévu de céder son poste fin juin après trois mandats à la tête de l'Eurogroupe. Mais le critère du «triple A» pourrait conduire à une nouvelle reconduction de M. Juncker. Parmi les autres noms cités, figure également celui du premier ministre finlandais Jyrki Katainen.