Le G20 réuni à Mexico va lancer dimanche à l'Europe un appel ferme à se décider sur la dimension de son bouclier contre la crise de la dette, pour qu'elle ne relâche pas son effort même si les tensions sur les marchés financiers se sont apaisées.

Le G20 va faire du renforcement du «pare-feu» de la zone euro contre la crise de la dette une condition pour contribuer davantage aux finances du Fonds monétaire international, a indiqué sous couvert de l'anonymat un responsable d'une délégation.

Le communiqué que prévoient de publier à 16H30 (17h30 HNE) les ministres des Finances réunis dans la capitale mexicaine va indiquer que ce «pare-feu» européen est une contribution essentielle à la stabilité de l'économie mondiale, a ajouté ce responsable.

Selon un autre responsable d'une délégation non européenne, le G20 a cherché un bon équilibre pour exhorter la zone euro à se doter de moyens financiers puissants, sans se montrer trop pressant à son égard.

Le leitmotiv des ministres des Finances ces derniers mois a été le «pare-feu» dont est censée se doter la zone euro. Celui-ci doit éviter une nouvelle propagation de la crise de la dette, à un moment où des économies aussi grandes que l'Italie et l'Espagne plongent en récession.

«Nous sommes prêts à envisager des ressources pour le FMI mais seulement une fois que nous aurons vu la couleur de l'argent de la zone euro, et nous n'en avons pas vu la couleur», a affirmé le ministre des Finances britannique George Osborne dans un entretien avec la chaîne SkyTV depuis Mexico.

La réunion de Mexico tombe quelques jours avant un sommet de l'Union européenne, jeudi et vendredi, qui doit notamment discuter la dimension du Mécanisme européen de stabilité (MES) prévu pour entrer en vigueur en juillet.

Le ministre allemand Wolfgang Schäuble a laissé entendre dans la nuit de samedi à dimanche que la décision ne serait pas prise cette fois-ci, indiquant que la zone euro se donnait tout le mois de mars.

La prochaine réunion des ministres du G20 est prévue à Washington à l'occasion de l'assemblée semestrielle du FMI et de la Banque mondiale, qui s'ouvre le 20 avril. Cela laisse plusieurs semaines aux membres du groupe pour aplanir quelques différences.

Les Etats-Unis et l'Allemagne étaient aux deux opposés du spectre dans ce débat sur le «pare-feu». Washington le voulait le plus grand possible par rapport aux capacités européennes, et Berlin prévenait que la zone euro resterait dans les limites de l'orthodoxie budgétaire et monétaire.

«La meilleure manière si vous voulez résoudre une crise qui met en péril votre économie et votre position budgétaire, c'est de prendre l'engagement d'en faire plus que nécessaire», disait samedi le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner.

«S'ils (les Européens) font cela, il y aura plus d'oxygène pour se concentrer sur autre chose» au G20, a-t-il remarqué.

L'Allemagne reste fermement opposée aux ingérences américaines dans ce dossier. «Cela n'a aucun sens économique de suivre les appels (...) à injecter de l'argent indéfiniment dans les fonds de sauvetage ni de mettre en route la planche à billets de la BCE», rétorquait son homologue allemand, Wolfang Schäuble.

Aucun pays n'a évoqué de montant précis propre à rendre le «pare-feu» satisfaisant, a rapporté. Mais le consensus est l'Europe doit mettre en place cet édifice avant que le reste du monde n'injecte de l'argent dans les ressources du FMI, perçu comme une deuxième ligne de défense, a rapporté un responsable d'une délégation du G20.

Le secrétaire général de l'OCDE, le Mexicain Angel Gurria, a été le seul à poser ouvertement la question du montant, que va éluder le communiqué du G20. «Est-ce 1000 milliards? Peut-être 1500 milliards?» a-t-il demandé samedi.

Du côté des ressources du FMI, l'institution de Washington a elle-même annoncé les chiffres: elle a indiqué en janvier être à la recherche des sommes nécessaires pour augmenter de 500 milliards de dollars sa capacité de prêts.

Jusqu'ici, seule la zone euro s'est engagée à contribuer, ayant promis 150 milliards d'euros (202 milliards de dollars).