D'habitude, les acteurs sur les marchés financiers n'accordent que trop peu d'attention aux réunions des ministres des Finances du G20, auxquels se joignent les banquiers centraux et les hautes directions de la Banque mondiale, du Forum sur la stabilité financière et du Fonds monétaire international (FMI).

Aucune décision formelle n'y est prise.

Ce sera encore le cas aujourd'hui à Mexico. On pourra toutefois mesurer les progrès et la solidarité internationale dans la recherche d'un dénouement crédible et durable à la crise financière qui secoue le monde depuis 2007 et à son volet délicat du financement de la dette publique.

En fait, les observateurs prêteront attention à la volonté des participants d'augmenter la capacité d'intervention du FMI. Sa directrice générale, Christine Lagarde, a exprimé le souhait qu'elle soit portée à 500 milliards. Elle est présentement de 253,7 milliards.

Le Brésil, la Chine, le Japon et le Mexique ont exprimé une ouverture à participer à l'effort tandis que le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni n'ont manifesté aucune intention d'apporter leur chéquier.

On scrutera avant tout la volonté des 17 États de la zone euro. Ils devront faire part des progrès réalisés dans le ménage des finances publiques. «Dans toute cette discussion autour du rôle que doivent jouer les gouvernements et les banques centrales, il ne faudrait surtout pas oublier pourquoi nous en sommes là aujourd'hui, soit l'accumulation importantes de dettes par des pays à la croissance douteuse et au futur économique incertain», rappelle François Barrière, vice-président développement des affaires, marchés internationaux, à la Banque Laurentienne.

Les engagements que recevra le FMI pourront donner la mesure de sa participation au deuxième plan de sauvetage de la Grèce, conclu mardi et qui prévoit des prêts de 130 milliards d'euros avancés par le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le FMI avait fourni le tiers des 110 milliards d'euros avancés en vain à la Grèce en 2010.

Le succès du second plan est loin d'être assuré, comme en fait foi d'ailleurs la décision de Fitch Rating d'abaisser de CCC à C la qualité du crédit de la Grèce, hier.

Cela va sans doute accélérer la saignée des banques grecques, dont les déposants sont de plus en plus nombreux à transférer leurs épargnes en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Suisse.

Les dépôts dans les banques grecques ont fondu de 28% depuis juin 2009, d'après les calculs de l'agence Bloomberg. Depuis mai 2010, date du premier sauvetage, les dépôts dans les banques allemandes ont grimpé de près de 10%.

Selon une dépêche de l'AFP, le ministre grec des Finances, Evangelos Vénizélos, entend fournir au Parlement le nom des députés ayant sorti de Grèce d'importantes sommes, dans le but d'apaiser l'opinion.

Il sera encore sur la sellette aujourd'hui à Mexico.

On sondera aussi le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, sur la valeur des prêts de trois ans qu'il prévoit accorder aux banques européennes, mercredi. Lors des enchères du 21 décembre, la BCE a prêté 489 milliards d'euros à 523 banques, incapables de se financer sur les marchés. On s'attend à des prêts de même envergure cette fois-ci, même si quelques grandes banques ont réussi à émettre de la dette sur les marchés.

On tâtera enfin les progrès de l'Europe dans l'établissement de son Mécanisme de stabilité financière appelé à se substituer au FESF dès juillet. En décembre, les Européens ont exprimé le voeu que sa puissance de feu atteigne 500 milliards d'euros plutôt que les 250 restants dans le FESF. Les pays membres se portent garants de ces emprunts. «Pour l'Allemagne, ça signifie de porter ses engagements de 221 milliards à plus de 300 milliards, faisait remarquer plus tôt cette semaine Michala Marcussen, économiste en chef à la Société générale Corporate&Investment Banking. L'opposition à pareille décision demeure élevée.»

Aucune décision, mais beaucoup de prises de pouls essentielles.