Le président de la Banque mondiale, l'Américain Robert Zoellick, a annoncé mardi qu'il allait quitter ses fonctions à la fin de son mandat le 30 juin.

«Il est temps pour moi de passer à autre chose et de soutenir une nouvelle direction», a indiqué M. Zoellick dans un communiqué.

Le poste de président de la Banque mondiale a été monopolisé par les États-Unis depuis la création de l'institution, en vertu d'un accord non écrit qui réserve le poste de directeur général du Fonds monétaire international aux Européens.

M. Zoellick a pris ses fonctions en juillet 2007. Cet ancien représentant américain au Commerce extérieur (USTR) de 2001 à 2005 et secrétaire d'État adjoint de 2005 à 2006 était à l'époque dirigeant à la banque d'affaires Goldman Sachs.

Il a succédé à Paul Wolfowitz, qui avait démissionné après un scandale concernant l'avancement de sa compagne au sein de l'institution.

En mai et juin, l'institution soeur de la Banque mondiale, le FMI, a connu un bref débat sur l'accord non écrit entre Américains et Européens, qui exclut de la direction des deux institutions de Bretton Woods les pays les plus peuplés et les économies les plus dynamiques de la planète.

Mais après la démission du Français Dominique Strauss-Kahn, c'est très vite la Française Christine Lagarde qui s'est imposée comme la candidate la mieux placée, avec le soutien des États-Unis.

Réaction du gouvernement américain

Le secrétaire au Trésor des États-Unis, Timothy Geithner, a annoncé mercredi que les États-Unis présenteraient sous peu un candidat à la tête de la Banque mondiale pour succéder à Robert Zoellick après le 30 juin.

«Nous comptons présenter dans les semaines qui viennent un candidat ayant l'expérience et les qualités requises pour faire avancer cette institution», indique M. Geithner dans un communiqué, soulignant que «les États-Unis continuent de jouer leur rôle dirigeant à la tête de la Banque mondiale».

Selon une source proche de la Banque mondiale, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, ou la secrétaire d'État, Hillary Clinton, sont des candidats possibles.

Portrait de Zoellick

L'Américain Robert Zoellick, 58 ans, qui a annoncé mercredi qu'il quitterait ses fonctions de président de la Banque mondiale à la fin de son mandat le 30 juin, est un représentant de la tradition républicaine de foi dans les vertus du libre-échange.

Cet infatigable coureur à pied, élancé, à la moustache poivre et sel, a bâti une bonne partie de sa carrière sur la promotion du libéralisme économique, qui d'après lui fera non seulement avancer les intérêts des États-Unis, mais aussi reculer la pauvreté.

«Il nous appartient de prendre fait et cause pour les valeurs d'ouverture et de liberté, de porter haut les liens entre la liberté économique, le libre-échange, les sociétés ouvertes, les démocraties réussies, les chances données aux individus et une sécurité obtenue dans la paix», déclarait-il lors d'un discours en 2001.

C'est cette ligne intransigeante qui suscitera le plus de critiques contre lui lors de son mandat à la Banque mondiale. Pour ses adversaires, son empressement à libéraliser l'agriculture ou les services publics prolonge des politiques de développement qui ont échoué.

Sa conviction libérale s'est forgée sous la présidence de Ronald Reagan, lors de laquelle M. Zoellick commence un parcours classique de haut fonctionnaire.

Né en 1953 dans la banlieue de Chicago (Nord), à Naperville, il a étudié l'histoire, sa passion, le droit et les politiques publiques. À la sortie de Harvard, il choisit d'aller à Washington, où il va gravir tous les échelons, apprécié pour sa force de travail, son entregent et son verbe lisse.

Sa première grande expérience est celle de négociateur pour le département du Trésor des conditions de la réunification de l'Allemagne, le pays dont sa famille est originaire. La chute du communisme et le succès de l'intégration de l'ex-RDA, qu'il cite régulièrement en exemple, ne font que renforcer ses croyances.

Sous la présidence de George W. Bush, il devient représentant américain au Commerce extérieur (USTR), de 2001 à 2005, puis secrétaire d'État adjoint, de 2005 à 2006.

Il est classé parmi les républicains idéalistes, par opposition aux néo-conservateurs, partisans d'une vision unilatérale des intérêts du pays et gardiens jaloux de sa supériorité militaire. Plus originale est sa sympathie pour l'étalon-or, système monétaire tombé en désuétude.

M. Zoellick fait aussi deux passages dans la finance, l'un chez l'organisme de financement de l'immobilier Fannie Mae, de 1993 à 1997 sous la présidence de Bill Clinton, et l'autre chez la banque d'affaires Goldman Sachs, de 2006 à 2007, qu'il conseille sur les questions internationales.

Il est choisi par le président Bush en 2007 quand il faut en urgence trouver un successeur à Paul Wolfowitz, poussé à la démission par un scandale qu'a provoqué l'avancement de sa compagne au sein de la Banque mondiale.

Par son passé et ses prises de position, il ne plaît pas beaucoup plus aux altermondialistes que M. Wolfowitz, un faucon. Mais auprès des grands États membres de la Banque, il est très consensuel.

Son bilan à la tête de l'institution a été salué mercredi par une autre libérale, la Française Christine Lagarde, qui a pris la tête du Fonds monétaire international en 2011. «Bob quittera la Banque avec des réussites dont il peut être très fier. Cela aura été un plaisir de travailler avec lui», a-t-elle écrit dans un communiqué.

Reuters

Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale.