La production minière et pétrolière a dopé la croissance économique du Ghana en 2011. Mais ce boom des ressources est loin de faire seulement des heureux.

Déforestation, déplacement de villages entiers, pollution de cours d'eau : le coût humain et environnemental de l'exploitation des ressources est élevé. Beaucoup trop élevé, dénonce Daniel Koranteg, président de WACAM, une association de communautés affectées par l'activité minière.

«Quand on dit aux résidants des communautés minières que le Ghana a un des plus hauts taux de croissance au monde, ils nous demandent de quoi on parle! tonne M. Koranteg dans la moiteur de son bureau d'Accra. L'eau qu'ils boivent est contaminée par les déchets toxiques...»

Le Ghanéen dénonce la vision «à courte vue» du gouvernement. «L'erreur qu'on fait, c'est qu'on ne mesure pas la richesse perdue à cause des dommages causés à l'océan et aux terres agricoles.»

Faibles redevances

Plusieurs au Ghana - et pas que des environnementalistes - qualifient de «fausse croissance» la hausse de 14% du PIB enregistrée en 2011. Comme la majorité des sociétés minières et pétrolières sont étrangères, une bonne partie de leurs revenus quitte le pays sans profiter aux Ghanéens, dénoncent-ils.

Les critiques estiment que les redevances versées par les sociétés minières sont trop faibles (entre 3 et 5% des revenus). Ils dénoncent aussi les mesures d'incitation - comme des congés fiscaux - jugés trop généreux.

«Il y a 20 ans, ces mesures d'incitation étaient nécessaires, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, lance Abdulai Daramani, porte-parole du Third World Network, groupe altermondialiste établi à Accra. Notre sous-sol regorge d'or, de manganèse, de bauxite, de diamants. Plus de 225 sociétés minières se font déjà concurrence.»

Les sociétés minières qui menacent de quitter le Ghana laissent M. Daramani de glace. «Certaines entreprises partiront peut-être, mais d'autres vont prendre leur place! La ressource naturelle se trouve ici. On ne parle pas de bananes qui seront pourries demain.»

Pendant les neuf premiers mois de 2011, le gouvernement a perçu des redevances de 92 millions US grâce à l'extraction aurifère... alors que les sociétés minières ont exporté pour 3,7 milliards US du métal jaune, indiquent les données de Bloomberg. L'iniquité était devenue insoutenable, et l'État ghanéen semble l'avoir réalisé.

À la fin du mois de novembre, l'État a annoncé la création d'une taxe spéciale qui touchera les entreprises aurifères en raison de leurs profits anormalement élevés.