Plusieurs poids lourds de la zone euro, dont l'Espagne, la France et l'Allemagne, vont se présenter devant les marchés d'ici la fin de semaine pour tenter de lever des fonds à moyen-long terme, un premier test grandeur nature pour évaluer l'impact des décisions de Standard & Poor's.

L'agence de notation a abaissé vendredi soir la note de neuf pays de la zone euro, dont la France et l'Autriche, reléguées d'un cran à AA+ et privées leur triple A.

Si l'Allemagne a été épargnée, la sanction a été lourde pour l'Espagne et l'Italie, qui ont perdu deux crans.

Cette décision de S&P intervient au moment où les pays de la zone euro entament leur programme d'emprunts sur les marchés pour 2012, qui sera particulièrement concentrés sur le premier trimestre.

Au total, sur l'année, ils devront trouver un peu plus de 800 milliards d'euros, sensiblement le même montant qu'en 2011.

C'est dans ce contexte que les prochains emprunts obligataires de moyen et long terme seront scrutés par les marchés et par les États européens, qui évalueront à la fois les taux offerts et la demande des investisseurs.

L'Allemagne sera la première à se lancer mercredi matin, en prévoyant d'emprunter 4 milliards d'euros à échéance 2013.

Jeudi, l'Espagne devra emprunter entre 3,5 et 4,5 milliards d'euros, à échéance 2016, 2019 et 2022, tandis que la France proposera entre 7,5 et 9,5 milliards d'euros, à moyen-long terme.

De son côté, l'Italie, qui doit lever plus de 200 milliards d'euros en 2012, ce qui en fait le plus gros emprunteur de la zone euro, ne fera appel aux marchés que jeudi 26 janvier, pour 3 milliards d'euros d'obligations.

Toutes ces emprunts interviennent après de premières adjudications de 2012 très encourageantes, mais qui ont eu lieu pour l'essentiel avant la décision de S&P.

La Banque centrale européenne (BCE) n'est peut-être pas pour rien dans ce début d'année rassurant, puisqu'elle a prêté en décembre près de 500 milliards d'euros à trois ans aux banques, une opération qui sera rééditée fin février et censée relancer le marché du financement bancaire.

L'accalmie a été observée également sur le marché secondaire, où s'échangent les titres de dette déjà émis. Le taux à 10 ans de l'Espagne est tombé à près de 5%, tandis que l'Italie a pu s'éloigner du seuil dangereux des 7%.

Le communiqué de S&P n'a pas fondamentalement changé les choses sur ce marché, puisque ses conclusions étaient largement anticipées par les opérateurs.

Un autre signe encourageant pour la zone euro est le succès des émissions de court terme, moins risquées pour les investisseurs, même après les décisions de S&P, comme l'Espagne qui a levé avec succès mardi 4,88 milliards d'euros à 12 et 18 mois.

Pour l'heure, les investisseurs semblaient mettre de côté les incertitudes qui entourent le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et l'avenir la Grèce.

Le FESF, principal outil pour venir en aide aux pays en difficultés, a perdu son triple A chez S&P, alors qu'il doit être progressivement remplacé mi-2012 par le Mécanisme européen de stabilité (MES), ce qui pourrait contraindre les États à renflouer ces mécanismes.

Concernant la Grèce, les marchés devraient commencer à en savoir plus mercredi, jour où doivent reprendre les discussions avec les créanciers privés sur l'effacement d'une partie de la dette du pays.

Ces négociations et la capacité du pays à convaincre les bailleurs internationaux de lui verser une aide sont cruciales pour éviter une faillite de la Grèce, qui aurait de lourdes conséquences sur l'avenir de la zone euro.