Les réserves de change de la Chine, les plus importantes au monde, ont baissé au 4e trimestre de l'an dernier pour la première fois depuis la crise financière asiatique de 1998, atteignant, d'après la banque centrale, 3181 milliards de dollars fin décembre.

«C'est la première fois que les réserves de change de la Chine baissent depuis 1998», a déclaré à l'agence financière Dow Jones Zhang Zhiwei, économiste chez Nomura, jugeant qu'il s'agissait d'un développement «très important».

Les réserves de change colossales, dont l'accumulation reflète le déséquilibre des échanges extérieurs du pays, ont atteint un pic de 3274 milliards de US en octobre, avant d'entamer une légère décrue, selon les chiffres de l'institut d'émission chinois.

Fin septembre, ces réserves s'élevaient à 3202 milliards de dollars.

La banque centrale chinoise accumule des réserves de change parce que les exportateurs sont pour la plupart tenus de déposer leurs revenus en devises auprès de cet organisme.

En échange, la banque injecte des yuans dans l'économie, alimentant l'inflation, tandis qu'elle place une partie de ses devises en bons du Trésor américains ou en dette souveraine d'autres États.

Ces réserves étaient aussi jusqu'à récemment alimentées par l'argent spéculatif qui affluait vers la Chine, les investisseurs misant sur une appréciation continue du yuan par rapport au dollar.

Selon M. Zhang, la baisse des réserves de change reflète les sorties de capitaux de Chine, alors que les investisseurs s'inquiètent du ralentissement de la croissance dans le pays et doutent désormais du potentiel d'appréciation à venir de la monnaie chinoise.

En décembre, la banque centrale a vendu pour le troisième mois consécutif plus de devises qu'elle n'en a acheté, selon Dow Jones, qui précise que selon ses calculs, les ventes nettes (les ventes moins les achats) de devises se sont élevées à 100,3 milliards de yuans (15,9 milliards de dollars) le mois dernier contre seulement 27,9 milliards de yuans (4,4 milliards de US) en novembre.

La Chine est accusée par ses principaux partenaires commerciaux, l'Europe et les États-Unis, de maintenir un taux de change artificiellement bas de sa monnaie pour favoriser ses exportateurs.

Cette politique a notamment permis aux réserves de change chinoises de gonfler énormément au cours des dernières années, passant de 819 milliards de US en 2005 à 2.847 milliards de US en 2010.

La Chine refuse de dévoiler la répartition entre les différentes devises des réserves de change qu'elle détient.