Le marché européen de la dette publique a salué jeudi deux emprunts réussis par l'Espagne et l'Italie, ainsi que les commentaires de la Banque centrale européenne (BCE) sur les banques, ce qui a entraîné une forte baisse des taux espagnols, italiens et français.

Les taux à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie ont chuté de manière spectaculaire, signe que ces obligations, longtemps délaissées par de nombreux investisseurs, séduisaient à nouveau les marchés.

Vers 18h00 (midi à Montréal), le taux espagnol tombait à 5,097% (contre 5,290% mercredi à la clôture) et le rendement italien à 6,606% (contre 6,964%).

De son côté, le taux de la France profitait de cette tendance et reculait à 3,030% (contre 3,151%). Par un effet de balancier, le taux de l'Allemagne, dont les titres de dette attirent les investisseurs en période agitée, se tendait à 1,830% (contre 1,812%).

«C'est une année qui démarre bien», résume Cyril Regnat, stratégiste chez Natixis, qui insiste sur le vrai succès de l'emprunt espagnol jeudi dans la matinée.

Pour sa première émission de l'année, Madrid a emprunté 9,986 milliards d'euros, le double de son objectif qui était de 4 à 5 milliards. Le pays prévoit d'emprunter au total 86 milliards d'euros en 2012.

Soutenue par une demande très importante (18,7 milliards d'euros), l'Espagne en a profité pour émettre plus d'obligations que prévu à 3, 4 et 5 ans, à des taux en nette baisse par rapport aux émissions précédentes.

«Madrid a levé 12% du montant total qu'elle a prévu d'emprunter sur l'ensemble de 2012. C'est un signe très prometteur qui montre que les tensions qui pèsent sur le pays depuis plusieurs mois commencent à faiblir», a commenté Ciaran O'Hagan, stratégiste obligataire à la Société Générale.

«C'est colossal pour l'Espagne. Elle vient de faire deux adjudications en une. Il y a peut-être eu un effort de la part de certains investisseurs espagnols», renchérit M. Regnat, pour qui «cela enlève de l'incertitude».

Les investisseurs se préparaient désormais au premier emprunt obligataire de l'année pour l'Italie, qui prévoit de lever vendredi entre 4 et 6,5 milliards à échéance 3 et 6 ans.

Rome a dans le même temps réussi jeudi à lever 12 milliards d'euros de titres à court terme, soit le maximum prévu.

Le marché obligataire a accueilli par ailleurs plutôt favorablement les propos de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), alors que l'institution a laissé son taux directeur à 1%.

Pour M. Regnat, le discours de M. Draghi n'a pas été très surprenant sur l'aspect macroéconomique et plutôt encourageant sur les banques.

«Côté interbancaire, la BCE confirme qu'elle restera très accommodante. M. Draghi annonce qu'il attend une forte demande en février», pour la seconde opération de prêt à trois ans aux banques, selon M. Regnat.

Le stratégiste relève en particulier que le taux de l'Euribor, utilisé par les banques en zone euro pour se prêter entre elles, ne cesse de baisser, signe d'une certaine accalmie sur le financement bancaire.

Or, une amélioration de la santé des banques est très positive pour le marché obligataire, puisque le secteur est l'un des premiers acheteurs de titres de dette.

Enfin, toujours en zone euro, le taux de la Grèce baissait à 31,388% (contre 31,765%). L'Institut de la finance internationale (IIF), qui négocie avec Athènes, au nom des banques, un accord devant permettre de restructurer la dette publique grecque, a estimé jeudi que le temps commençait à «être compté» pour ces discussions.

Hors zone euro, le Gilt britannique montait à 2,020% contre 2,004% la veille.

Aux États-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans progressait à 1,916% contre 1,904%, tout comme celui à 30 ans à 2,964% contre 2,963%. Les taux à trois mois étaient stables à 0,02%.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a reculé à 1,245% contre 1,257%, tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars était à 0,572% contre 0,577%.