L'inflation en Chine a largement dépassé l'objectif officiel pour l'ensemble de 2011, mais a poursuivi sa décrue le mois dernier, ce qui donne au gouvernement une marge étroite pour soutenir l'économie sans relancer la hausse des prix, selon les analystes.

La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation, s'est accélérée pour l'an dernier à 5,4%, contre 3,3% en 2010, nettement au-dessus de l'objectif de 4% fixé en mars par Pékin, a rapporté jeudi le Bureau national des Statistiques (BNS). 2011 est l'année qui a connu l'inflation la plus forte depuis 2008 en Chine, lorsque la hausse des prix avait atteint près de 5,9%.

Mais la hausse des prix a poursuivi en décembre sa décrue entamée en août, tombant à 4,1%, après un pic de 6,5% en juillet. Son niveau est aujourd'hui le plus bas depuis septembre 2010, lorsqu'elle avait été de 3,6%.

Facteur d'une instabilité sociale redoutée par le régime communiste, l'inflation est tirée en Chine par l'augmentation des prix alimentaires, et frappe donc de manière disproportionnée les ménages les plus modestes, qui dépensent une plus grande part de leurs revenus pour se nourrir.

En décembre, les prix alimentaires ont progressé de 9,1% sur un an, contre seulement 1,9% pour les produits non alimentaires.

Les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre l'inflation, comme le relèvement des taux d'intérêt, la hausse des réserves obligatoires des banques ou les limitations à l'achat d'appartement sur un marché immobilier fortement spéculatif ont produit leurs effets, amenant Pékin à infléchir sa politique monétaire en fin d'année.

Confrontés à difficultés pour leurs exportateurs frappés par la crise des économies avancées, les dirigeants chinois ont toutefois exclu tout plan de relance massif comme celui adopté fin 2008 au moment de la crise financière mondiale, et qui a généré de l'inflation.

Pour 2012, Pékin a annoncé «une politique monétaire prudente et une politique budgétaire proactive», ce qui signifie en clair selon les observateurs une ouverture très mesurée des vannes du crédit.

Enfin, la hausse des prix à la production, indicateur avancé de l'inflation, s'établit à 6% pour l'ensemble de 2011, mais a chuté à 1,7% sur un an, contre 2,7% en novembre et encore 5% en octobre, a encore rapporté le BNS.

Cet indice «annonce une poursuite du ralentissement de la hausse des prix», ce qui est «bon signe», a déclaré à l'AFP Andrew Polk, analyste basé à Pékin du cabinet américain The Conference Board.

«En théorie», le ralentissement de l'inflation «devrait permettre un assouplissement monétaire pour combattre le ralentissement de la croissance et un marché immobilier qui vacille», a commenté de son côté Alistair Thornton, économiste de IHS Global Insight basé à Pékin.

La croissance de la deuxième économie mondiale, qui avait caracolé à 10,4% en 2010, s'est élevée à 9,7% au premier trimestre, à 9,5% au deuxième et à 9,1% au troisième en rythme annuel.

Ce ralentissement devrait se poursuivre au 4e trimestre, selon les analystes, alors que le chiffre du PIB chinois pour l'ensemble de 2011 est attendu mardi.

À cause de la nécessité de ne pas relancer l'inflation, «la marge de manoeuvre politique pour un assouplissement demeure relativement étroite» pour le gouvernement, selon M. Thornton qui prédit cependant «une baisse imminente de 50 points de base (un demi-point de pourcentage) du taux de réserves obligatoires» des banques.

Ceci afin de satisfaire «la hausse de la demande de liquidités qui accompagne le Nouvel An chinois», qui tombe cette année le 23 janvier.