La firme de sécurité montréalaise Garda World risque l'expulsion de lucratifs contrats en Afghanistan après l'arrestation de quatre de ses employés locaux, soupçonnés de trafic d'armes par les autorités afghanes.

Ces employés de Garda -deux Afghans et deux ressortissants britanniques- sont détenus à Kaboul depuis mardi après avoir été interceptés en possession de 30 fusils d'assaut AK-47, sur lesquels les numéros d'identification auraient été effacés.

De plus, selon les autorités afghanes, ces quatre employés de Garda n'auraient pu produire les documents officiels qui sont requis pour posséder de telles armes militaires, notamment parce qu'elles sont très prisées des militants terroristes.

Depuis l'annonce de ces arrestations, jeudi lors d'une conférence de presse à Kaboul, la société Garda réfute les allégations de trafic d'armes des autorités afghanes.

Si les armes saisies étaient mal identifiées, selon Garda, c'est parce qu'elles étaient destinées à des essais dans un stand de tir avant d'en effectuer un achat «dans les règles» afin d'en équiper une partie de ses effectifs afghans.

Malgré ces explications de Garda, les autorités afghanes semblent déterminées à lui enlever ses permis d'exploitation, comme elles ont commencé à le faire parmi les nombreuses firmes de sécurité étrangères dans ce pays afin de les remplacer par des effectifs afghans.

«Effacer l'identification sur des armes est un crime sérieux en Afghan. Nous allons interpeller les dirigeants de cette entreprise (Garda). Ils devront payer leurs dus au gouvernement afghan et ne pourront plus opérer ici après cela», a indiqué Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur.

Au siège social de Garda à Montréal, hier, on ne pourrait préciser la teneur des discussions avec les autorités afghanes afin d'éviter l'expulsion.

«Cette situation est gérée par notre bureau régional de Dubaï, qui supervise nos activités dans tout le Moyen-Orient. Nous en saurons davantage lors de leur retour de week-end là-bas, qui a lieu le dimanche», a indiqué Isabelle Panelli, responsable des «relations corporatives» chez Garda.

Entre temps, l'impact d'affaires pour Garda d'une possible expulsion d'Afghanistan demeure difficile à quantifier. En Bourse, d'ailleurs, le cours de ses actions a peu fluctué. Il s'est maintenu autour de 7,75$ depuis jeudi.

Au siège social de Garda à Montréal, on refusait hier de détailler les contrats en Afghanistan pour des raisons de sécurité des clients et de concurrence.

Du côté des analystes boursiers, on disait hier manquer d'informations à jour pour estimer «l'impact matériel» d'une expulsion d'Afghanistan sur les prochains résultats financiers de Garda.

Selon le correspondant du quotidien New York Times à Kaboul, Garda aurait quelque 375 employés en Afghanistan, dont au moins 35 seraient d'origine étrangère.

Par ailleurs, en juin dernier lors de son assemblée d'actionnaires à Montréal, Garda avait divulgué des contrats d'une valeur de 60 millions$ en quatre ans pour la protection de personnel diplomatique étranger en poste en Afghanistan.

Les délégués diplomatiques du Canada dans ce pays ne font pas partie de la clientèle de Garda, a-t-on confirmé hier au ministère des Affaires étrangères à Ottawa. Le Canada a aussi quelque 950 militaires et employés de soutien encore en poste à Kaboul pour des mandats de formation des policiers et des soldats afghans.

En plus des soldats des forces de l'OTAN, des milliers d'employés de sociétés de sécurité privées travaillent en Afghanistan pour fournir leurs services aux forces étrangères, aux représentations diplomatiques et aux organisations humanitaires.

Toutefois, leurs relations avec les autorités afghanes se sont détériorées depuis que le président Hamid Karzaï accusent ces firmes étrangères de ne pas respecter la loi locale et d'enlever du travail aux Afghans.

Dans la population, le personnel de ces firmes de sécurité étrangères est de plus en plus apparenté à des mercenaires armés.

Avec AFP, Reuters, New York Times.