Voici les cinq questions envoyées par courriel aux économistes des grandes institutions financières canadiennes ainsi que leurs réponses intégrales. La version française des textes de plusieurs répondants est de nous.

1- L'économie canadienne montre des signes d'essoufflement. Le marché du travail stagne, la construction résidentielle diminue, l'endettement des ménages augmente. Peut-elle poursuivre son expansion sur la seule base de sa demande intérieure. Que peut faire la Banque du Canada l'an prochain?

Sherry Cooper, économiste en chef, BMO marchés des capitaux: L'économie canadienne va sans doute ralentir en 2012 à un taux de 2,0% de croissance, contre environ 2,3% en 2011. Ce sera moins qu'aux États-Unis, mais bien davantage que le rythme européen associé à une récession. À la différence des É-U, il n'existe pas de demande refoulée au Canada où les consommateurs sont déjà très endettés. La Banque du Canada a déjà réduit les taux d'intérêt à des creux historiques. Cela encourage l'emprunt, mais reste nécessaire pour diminuer l'impact du ralentissement américain et de la récession européenne sur notre économie. La Banque espère que les entreprises vont accroître leurs investissements dans des technologies et des compétences qui stimuleront la productivité, en puisant dans leurs réserves de liquidités record.

Photo d'archives André Pichette, La Presse

Sherry Cooper, économiste en chef, BMO marchés des capitaux

François Dupuis, économiste en chef, Desjardins: Le commerce extérieur canadien sera affecté par le ralentissement de l'économie mondiale. On sent aussi que la demande intérieure canadienne perd de la force. Elle ne devrait cependant pas s'effondrer alors que les conditions demeurent favorables à l'investissement des entreprises. Dans un contexte où les marchés financiers continuent de bien fonctionner, les taux directeurs canadiens sont suffisamment bas pour soutenir l'activité au Canada.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

François Dupuis, économiste en chef, Desjardins.

Warren Jestin, économiste en chef, Banque Scotia: La croissance canadienne sera sans doute inférieure à 2% en 2012, en ligne avec la terne tendance américaine. La demande intérieure sera soutenue par quelques méga-projets et les investissements dans les infrastructures, mais les dépenses des ménages seront contenues par la faible croissance de l'emploi et leur niveau record d'endettement par rapport à leur revenu. Une croissance modeste et une faible inflation vont inciter la Banque du canada à garder les taux d'intérêt près de leur niveau actuel, mais la politique fiscale sera d'un moindre secours puisqu'Ottawa et plusieurs provinces s'attaquent à la réduction de leur déficit.

Photo Scotiabank

Warren Jestin, économiste en chef, Banque Scotia.

Carlos Leitao, économiste en chef, Valeurs mobilières Banque Laurentienne: L'économie canadienne peut poursuivre son expansion sur la seule base de sa demande intérieure à deux conditions : l'économie mondiale évite une récession sévère en 2012 (ce qui est toujours notre scénario de référence) et l'investissement privé en machinerie et équipement s'accélère davantage (le premier semestre de 2011 a été très vigoureux, mais le 2e. particulièrement décevant) ; ceci demeure une prévision et non une certitude... Il faudrait aussi comprendre que « l'expansion » canadienne va demeurer très lente en 2012, avec une croissance du PIB réel d'à peine 1,8%... avec un peu de chance !  Dans cet environnement, la Banque du Canada devrait garder son taux directeur inchangé toute l'année.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Carlos Leitao

Jacques Marcil, économiste principal, Banque TD: Parmi les composantes de la demande intérieure canadienne, seul l'investissement des entreprises a du potentiel en 2012, car les ménages et les gouvernements sont trop endettés. Le problème, c'est que l'investissement ne représente qu'environ 12% de  la demande intérieure finale... il faudrait donc que les entreprises fassent des investissements énormes pour relancer notre croissance à elles seules. Pas facile dans un contexte incertain. Donc, à moins que nos exportations rebondissent, la croissance sera modeste à court et moyen termes.

Jacques Marcil, économiste principal, Banque TD.

Stéfane Marion, économiste en chef, Banque Nationale: L'expansion peut se poursuivre mais certainement pas au même rythme. Nous aurons besoin d'une contribution des exportations vers les É.U. pour obtenir un PIB en hausse de 2%. Le rôle de la Banque du Canada est de s'assurer que le système financier canadien fonctionne le mieux possible dans le contexte d'incertitude créé par le problème des dettes souveraines.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Stéfane Marin, économiste en chef, Banque Nationale.

Avery Shenfeld, économiste en chef, CIBC: Nous pouvons continuer de croître en 2012, mais seulement au rythme de 2% ce qui ne pourra empêcher une augmentation du taux de chômage. Une plus faible inflation va augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs en termes réels et les dépenses en capital des entreprises vont aussi aider. La Banque du Canada, obsédée par le surendettement des ménages, ne coupera sans doute pas les taux, sauf s'il y a récession.

Photo Norm Betts, Bloomberg

Avery Shenfeld, économiste en chef, CIBC.

Craig Wright, économiste en chef, RBC: Nous prévoyons un rythme plus lent de la demande intérieure qui sera compensée par une performance extérieure plus robuste. Il en résultera une croissance économique de 2,5% en 2012, soit à peu de chose près celle de 2011. Une croissance modeste, une capacité excédentaire de production excédentaire et une faible inflation suggèrent que la Banque du Canada va maintenir les taux d'intérêt à ses creux présents jusqu'au milieu de 2012. Après quoi, de modestes hausses de taux sont probables.

Photo Sean Kilpatrick, PC

Craig Wright, économiste en chef, RBC.

2- L'économie américaine se ranime depuis l'été: les ménages dépensent et le taux de chômage recule. Mais les investissements des entreprises sont moins grands que durant les autres cycles et l'impasse budgétaire est dangereuse. L'expansion est-elle menacée cet hiver ou au début de 2013? La Réserve fédérale osera-t-elle lancer une troisième ronde de détente quantitative (DQ3)?

S.C.: La croissance américaine a sans doute atteint le rythme de 3% au quatrième trimestre 2011, grâce à la reprise des dépenses des ménages et de l'emploi. Même si le rythme de croissance en 2012 va ralentir aux environs de 2,2%, ce sera mieux que celui de 1,8%, estimé pour 2011. La Fed a déjà réduit les taux d'intérêt à des creux historiques. D'autres initiatives, comme une troisième ronde de détente quantitative parassent peu probables sauf si la crise européenne devait déboucher sur une irruption de faillites bancaires. Je m'attends à ce que l'impasse budgétaire persiste jusqu'aux élections présidentielles.

F.D. L'amélioration des indicateurs, notamment celle de la confiance des consommateurs, est un élément permettant d'éloigner le retour en récession plutôt qu'un véritable signe d'accélération de la croissance. Les vents contraires auxquels fait face l'économie demeurent cependant présents, ce qui poussera la Fed à agir de nouveau. Un nouvel assouplissement quantitatif, davantage dirigé vers les titres du marché hypothécaire, est prévisible. L'économie pourrait mieux bénéficier de cette politique alors qu'elle sort tranquillement de la « trappe de liquidité ».

W.J. Même si Washington tardait encore à s'attaquer à son déficit massif, la croissance de la production américaine pourra difficilement atteindre 2% en 2012. La consommation des ménages sera entravée par le taux élevé de chômage, une faible progression des revenus et par les défis personnels posés par les prix déprimés des maisons et des rendements historiquement faibles des actifs financiers. Puisque les taux d'intérêt sont à des creux historiques, une autre ronde de détente quantitative aurait peu d'effet positif sur la performance économique.

C.L.: Il y a, bien sûr, plusieurs menaces importantes aux États-Unis en 2012. Cependant, nous pensons toujours qu'un taux de croissance du PIB réel de 2,0% est possible étant donné le raffermissement graduel du marché du travail. Pour 2012, la plus importante menace vient de l'Europe ; il serait naïf de croire que l'économie américaine pourrait continuer de croître si une récession sévère frappait l'économie de la zone euro. Pour ce qui est de l'impasse budgétaire américaine, le danger se trouve surtout en 2013 ; il est possible (mais pas inévitable) qu'un profond resserrement fiscal soit imposé à partir du début de l'année ce qui pourrait retrancher 1 à 1½ point de pourcentage à la croissance économique.

J.M. La croissance de l'économie américaine va bientôt revenir à son taux modéré du début de 2011. L'impact de la situation européenne sur le système financier américain représente un risque élevé. Si les choses empirent et que le crédit devient restreint, alors il pourrait y avoir une DQ3.

S.M. Le début d'année 2012 devrait être positif pour la croissance avec une création d'emplois à temps plein (déjà 760,000 postes au cours des 6 derniers mois). Par contre, la menace d'une ponction fiscale importante en 2013 (plus de $300 milliards en théorie) pourrait menacer l'expansion. Ce sera aux candidats à la présidence de proposer un plan de moyen terme pour encadrer la politique budgétaire américaine. Difficile pour la Réserve Fédérale de procéder avec DQ3 pour l'instant.

A.S. Même si le Congrès prolongeait ses réductions de contributions à la sécurité sociale et d'extension de l'assurance-chômage, les États-Unis sont face à une croissance en deçà de 2% en 2012. Le taux de chômage va encore augmenter. Les consommateurs vont profiter d'une inflation plus faible, mais l'effet sera atténué par une augmentation de l'épargne. S'il ne survient pas en 2012, le resserrement fiscal va mordre durement en 2013. La Fed va sans doute continuer d'augmenter l'échéance de ses créances plutôt que d'amorcer une DQ3.

C.W. Les données américaines du quatrième trimestre suggèrent que l'économie gagne enfin un certain élan. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive en 2012, ce qui va donner une croissance plus forte qu'en 2011. Cela dit, des vents mauvais persistent, de sorte que la croissance restera peu impressionnante même si la Fed demeure très accommodante... jusqu'à à se lancer dans une autre ronde de détente quantitative.

3- L'économie de la zone euro serait rechutée en récession, mais certains pays sont plus frappés que d'autres. La classe politique a d'immenses défis, mais elle fait des progrès. La crise de la dette souveraine sera-t-elle contenue? Si oui, comment? La Banque centrale européenne va-t-elle passer en mode de détente quantitative l'an prochain?

S.C.: Je ne suis pas que sûre à quel point la crise de la zone euro peut être contenue. Elle nous touche déjà par la forte chute de notre marché boursier. L'incertitude financière va se faire sentir tout au long de 2012. La BCE fait déjà de la détente quantitative furtive et ça va continuer. Elle va aussi réduire encore les taux, mais la récession est inévitable dans les pays les plus touchés. Plus d'austérité ne fera qu'exacerber la situation. Il existe une faible probabilité que la Grèce quitte la zone euro, ce qui causerait des turbulences à court terme. Mais c'est peu probable.

F.D. La récession est inévitable en zone euro, mais, pour empêcher une  sévère crise du crédit et des liquidités, il faut que les dirigeants européens ainsi que la BCE et le FMI trouvent une solution durable. À cette fin, des sommes importantes devront être engagées possiblement par le FMI avec l'aide des composantes nationales de la BCE ainsi que d'autres pays. Les pays de la zone devront aussi prouver rapidement qu'ils peuvent reprendre le contrôle de leurs finances publiques. La BCE poursuivra ses baisses de taux, continuera d'offrir un soutien essentiel au secteur bancaire et augmentera ses achats de titres, mais toujours en  les « stérilisant ».

W.J. Certains pays européens comme l'Allemagne parviendront à dégager des gains modestes, mais il n'y aura pas de croissance globale pour l'ensemble de la zone euro. Le retrait du secteur public et la réduction de l'effet de levier dans le secteur privé enfoncent plusieurs économies dans la récession. Une détente quantitative peut apporter un soulagement temporaire, mais ne fera rien pour corriger le déséquilibre structurel fondamental associé à la dette et aux déficits gouvernements excessifs.

C.L. Nous sommes aussi d'avis que la zone euro soit rechutée en récession. Cette réalité complique considérablement la tâche de la classe politique dans son effort de contenir la crise de la dette souveraine. Pourtant, les contours d'une solution durable commencent à se concrétiser, c'est-à-dire une union fiscale beaucoup plus contraignante, même si le processus est loin d'être terminé. Entre temps, la BCE n'aura pas d'autre choix que de passer en mode de détente quantitative... mais discrètement, à partir de ses opérations de refinancement à long terme qui sont, théoriquement, illimitées.

J.M. Des mesures extraordinaires sont requises pour contenir la crise en Europe. Cela inclut une faillite contrôlée de la Grèce. Le mandat de la BCE est limité à la stabilité des prix. Elle pourrait se lancer dans la détente quantitative si les choses s'aggravent, mais une telle intervention n'est pas facile à déclencher étant donné sa structure décisionnelle.

S.M. La solution pour la zone euro passe par une intégration plus grande des politiques sociales et des règles qui régissent les marchés du travail. En ce sens, nous sommes encouragés par le programme de réformes structurelles récemment proposé par l'Italie. Difficile pour la BCE de passer en mode détente quantitative  avant de connaître le calendrier d'implantation des mesures structurantes. Dans un contexte de crise des dettes souveraines, la BCE ne peut que jouer le rôle de facilitateur et non celui de sauveur.

A.S. La zone euro semble être entrée en récession cet automne. La BCE sera finalement contrainte à la détente quantitative en se concentrant sur l'achat des dettes de l'Italie et de l'Espagne afin de réduire leurs coûts d'emprunt et de leur donner une chance de lutter pour se sortir du bourbier. On pourrait aussi assister à la recapitalisation forcée des banques.

C.W. Nous présumons que les autorités fiscales et monétaires parviendront à contenir la crise de la zone euro, diminuant les craintes d'une autre récession mondiale. Toutefois, ces efforts, jumelés à des restrictions fiscales et à une incertitude élevée, se traduiront par une récession dans la région. Même si ce n'est pas dans notre scénario de base, une détente quantitative par la BCE est une possibilité grandissante, soit pour repousser les pressions actuelles, soit pour écarter d'éventuels risques de déflation.

4- Le Royaume-Uni est dans un étau. Isolé dans l'Union européenne, au bord de la récession, en pleine austérité budgétaire et très dépendant de ses importations. Quelle avenue doit privilégier le fragile gouvernement Cameron? La Banque d'Angleterre est-elle en train de perdre toute crédibilité en tolérant beaucoup d'inflation et en faisant de la détente quantitative?

S.C. Je crois que la Banque d'Angleterre a la bonne ligne de conduite en favorisant l'expansion du crédit et de faibles taux dans un contexte d'intense austérité fiscale. L'inflation va reculer au R-U, comme ailleurs dans le monde.

F.D. Considérant que l'économie britannique connaît énormément de difficultés - la consommation réelle est d'ailleurs en baisse depuis cinq trimestres - la politique de la Banque d'Angleterre est justifiée, malgré le haut taux d'inflation globale. Celle-ci est d'ailleurs dopée par les hausses de taxes et de coûts de l'énergie, qui se dissiperont graduellement en 2012. Afin de limiter les impacts de la récession eurolandaise sur le Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre procédera à d'autres assouplissements quantitatifs. Le gouvernement Cameron poursuivra son programme d'austérité, mais il tentera de limiter son impact sur l'économie.

W.J. On s'attend à ce que le Royaume-Uni enregistre une faible croissance en 2012. Son taux de change flexible et sa politique monétaire indépendante l'isolent quelque peu de la crise de la dette publique dans la zone euro, même si ses défis budgétaires et économiques à long terme ressemblent à plusieurs de ses voisins européens.  L'inflation se tasse, mais la valeur thérapeutique d'une plus grande détente quantitative serait pas mal limitée.

C.L. Le gouvernement de David Cameron n'a d'autre choix que de maintenir le cap sur sa politique fiscale. C'est seulement en gardant la crédibilité fiscale que la Banque d'Angleterre peut justifier (et continuer) sa politique monétaire ultra accommodante ; ce faisant, le marché de la dette publique anglaise demeure stable, ce qui permet au gouvernement Cameron de se refinancer à 2,00%...

L'inflation est une question pour un autre jour, une fois la crise de la dette publique dans la zone euro et au Royaume-Uni bien contenue. Du point de vue politique, il ne serait pas non plus une mauvaise idée de réparer les « pots cassés » avec les alliés européens, surtout la France et l'Allemagne.

J.M. David Cameron a fait une erreur stratégique de taille en s'inquiétant au sujet de son industrie financière plutôt que de jouer en équipe. L'inflation au R-U est temporaire (hausses de taxes). La Banque d'Angleterre doit faire de la détente quantitative pour ramener le taux de chômage sous 8%, car le gouvernement ne veut pas faire de dépenses de relance.

S.M. La Banque d'Angleterre a les coudées franches, comparée à la BCE, et, selon moi, ces actions sont justifiées. On gagne du temps pour permettre à la zone euro de mettre en branle ses réformes structurelles. Le gouvernement Cameron doit s'assurer de désamorcer la menace isolationniste promulguée par certains pays de la zone euro. M. Cameron devra faire appel à ses diplomates.

A.S. L'inflation va se dissiper au Royaume-Uni à mesure que disparaîtront des facteurs transitoires, dont la poussée des coûts de l'énergie. Cela laissera le champ libre à la Banque d'Angleterre pour poursuivre sa politique monétaire stimulante. La meilleure nouvelle pour Cameron, c'est que le pire de l'impact sur la croissance de son resserrement fiscal est désormais chose du passé.

C.W. Nous nous attendons à ce que l'économie du R.-U. échappe à la récession et croisse environ de 1% en 2012, soit un peu mieux que la zone euro. La Banque d'Angleterre demeurera très accommodante en se concentrant sur la relance de la croissance économique plutôt que sur l'inflation qui reste élevée à cause de plusieurs facteurs transitoires qui s'estompent et ralentissent la hausse des prix.

5- La Chine réussira-t-elle son atterrissage en douceur et jusqu'où acceptera-t-elle de laisser flotter le renminbi? Que peut faire la Banque populaire de Chine?

S.C. La Chine a amorcé une période d'allégement monétaire et fiscal en réponse à un affaiblissement de l'activité économique et de l'inflation. L'économie va sans doute connaître un atterrissage en douceur alors que l'appréciation du renminbi va continuer va rester modeste comme cette année, soit environ 3,7% à ce jour.

F.D. L'économie chinoise croît encore fortement, et la récente décision d'abaisser le taux de réserves des banques répond plus à un ralentissement de la base monétaire qu'à un souci de relancer l'économie. Les autorités chinoises s'inquiéteront cependant de la diminution de la demande mondiale, en particulier la demande européenne. En ce sens, la hausse du yuan devrait être relativement limitée en 2012. Malgré certaines inquiétudes, un atterrissage en douceur demeure le scénario le plus probable.  

W.J. Comme l'inflation diminue et que sa croissance va passer sous les 9%, la Chine a commencé à desserrer les conditions monétaires et de crédit afin de soutenir une croissance robuste de la demande intérieure. Une appréciation graduelle de la devise est probable, mais à un rythme qui ne minera pas les objectifs de croissance à moyen terme. Avec des réserves en devises étrangères équivalant à 3000 milliards de dollars américains, la Chine dispose d'une force de frappe suffisante pour protéger son économie de chocs internes ou externes non anticipés.

C.L. Oui, la Chine réussira son « atterrissage en douceur »  parce que le gouvernement a les moyens et la volonté de l'accomplir. C'est-à-dire, si le ralentissement en cours devenait trop problématique, il est fort probable que le gouvernement n'hésite pas à mettre en place un autre programme de stimuli fiscal et / ou monétaire pour redresser rapidement la situation.

J.M. La Chine dispose de plus d'instruments de politique économique que les pays de l'Ouest. Il ne lui manque que la capacité de stimuler la demande dans les économies avancées (et encore!). Si l'atterrissage est cahoteux, ça ne durera pas longtemps. Le renminbi ne flottera à nouveau que si les exportations chinoises s'écroulent. Son appréciation serait alors plus graduelle que la dernière fois.    

S.M. Comme partout ailleurs, il y a une limite au rôle que peu jouer la banque centrale. Même si la BPC a une bonne marge de manoeuvre pour assouplir sa politique monétaire, il n'en demeure pas moins que c'est aux politiciens de mettre en place un système de sécurité sociale pour inciter les Chinois à épargner moins. Un renminbi flottant viendra mais pas tout de suite en 2012.

A.S. La Chine va assouplir sa politique monétaire (au moyen de réductions de taux et d'exigences de réserves sur dépôts par la Banque populaire de Chine). C'est nécessaire pour réussir un atterrissage en douceur avec une croissance tout de même encore au-dessus de 8%. Rien n'indique qu'elle va s'éloigner de  sa politique d'appréciation très lente du yuan.

C.W. Nous nous attendons à ce que la Chine réussisse un atterrissage en douceur car la politique monétaire se veut plus accommodante pour soutenir l'activité. L'assouplissement a commencé en diminuant le niveau des réserves bancaires exigées. C'est une tendance qui va se poursuivre parallèlement à des baisses de taux d'intérêt. Le taux de change va continuer de s'apprécier, lentement et de manière contrôlée.