Nicolas Sarkozy recevra lundi la chancelière allemande Angela Merkel, un rendez-vous qui ouvrira une semaine cruciale pour la zone euro, avec la tenue jeudi et vendredi à Bruxelles d'un nouveau sommet, destiné à éteindre l'incendie de la crise de la dette.

Selon le président de la République, Paris et Berlin feront des «propositions» pour «garantir l'avenir de l'Europe», menacée d'éclatement par la crise actuelle.

Après leur déjeuner de travail lundi à l'Elysée, les deux dirigeants se retrouveront en fin de semaine à Bruxelles avec l'ensemble de leurs partenaires européens. Une autre occasion de s'entretenir leur sera offerte jeudi, lors de la réunion du PPE (Parti populaire européen) à Marseille, à laquelle ils participeront tous les deux.

«L'Europe n'est plus un choix, elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. Elle doit être repensée, elle doit être refondée», a affirmé M. Sarkozy jeudi à Toulon.

Le lendemain, Mme Merkel martelait, devant le Bundestag, son intention de modifier les traités européens pour réformer la zone euro en crise et la transformer en une véritable union budgétaire.

Si tous deux sont d'accord sur l'objectif - la «refondation» de l'Union européenne, passant par une révision des traités et une plus grande discipline budgétaire, ils ne s'accordent pas totalement sur les moyens d'y parvenir.

Nicolas Sarkozy était initialement réservé sur un changement des traités: «vous imaginez de nouveaux référendums?» s'inquiétait-il, il y encore quelques semaines, en pensant au rejet en 2005 du projet de Constitution européenne, puis celui du traité de Lisbonne qui lui a succédé lors d'un référendum en Irlande en 2008.

Il s'est finalement résolu à cette exigence allemande, Paris se disant désormais favorable à un traité européen «plus intrusif», facilitant notamment les sanctions pour les États jugés laxistes et donnant davantage de moyens de surveillance aux autorités européennes sur les budgets nationaux.

Selon Paris et Berlin, cette révision des traités devrait être proposée aux vingt-sept pays de l'UE, avec possibilité, si certains s'y refusent, de ne la faire adopter que par les dix-sept pays de la zone.

En échange, M. Sarkozy attend de Berlin des gages sur la solidarité européenne.

Cela devrait se traduire par la possibilité pour la BCE de racheter de la dette des pays les plus fragiles de l'Union afin de limiter la hausse des taux d'intérêt imposés par les marchés, à l'instar de ce que fait la réserve fédérale américaine ou même la Banque d'Angleterre.

Mais l'Allemagne, principale pourvoyeuse de fonds de la BCE à travers la Bundesbank, s'oppose jusqu'à présent à complètement lui lâcher la bride. En réalité, la BCE rachète depuis plusieurs mois des obligations d'État des pays en difficulté (environ 200 milliards d'euros depuis un an), mais cela reste insuffisant pour soulager durablement la zone euro.

Toutefois, lors de leur dernière rencontre à Strasbourg le 24 novembre, le président Sarkozy a estimé avoir obtenu une mini-concession de Mme Merkel, l'un et l'autre étant tombés d'accord pour «s'abstenir de demandes positives ou négatives» à la BCE. Traduction: si la BCE, indépendante par nature, décide d'elle-même de racheter de la dette, chacun détourne le regard.

Une autre possibilité pour remettre la zone euro sur les bons rails serait de mutualiser les dettes de ses membres, c'est-à-dire de créer des euro-obligations. Pas question, répond jusqu'à présent Angela Merkel.

Mais son inflexibilité commence à être critiquée en Allemagne même, où l'ancien chancelier Helmut Schmidt l'accuse d'isoler le pays.