La Chine a annoncé jeudi le premier recul de sa production manufacturière en plus de deux ans et demi, après avoir donné un important signal d'assouplissement de sa politique monétaire au moment où sa croissance et ses exportations ralentissent.

L'indice PMI des directeurs d'achat publié par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), une organisation proche du gouvernement, est tombé pour novembre à 49, en baisse de 1,4 point par rapport à octobre, son premier recul en 33 mois.

Un indice inférieur à 50 indique une contraction de l'activité, un indice supérieur à cette valeur une expansion.

De son côté, la banque HSBC, qui interroge un moins grand nombre d'entreprises, a calculé un indice PMI encore plus faible, à 47,7, au plus bas depuis mars 2009, soit 32 mois.

Alors que les exportateurs subissent le contrecoup de la crise de la dette en Europe et d'une économie américaine en difficulté, la banque centrale a annoncé tard mercredi une baisse des réserves obligatoires des banques de 0,5 point de pourcentage, pour la première fois depuis fin 2008.

Il s'agit du premier signal important en trois ans d'assouplissement de la politique monétaire de la deuxième économie mondiale, qui va permettre aux banques de prêter davantage pour soutenir l'économie.

«Alors que l'économie résiste bien dans son ensemble, le marché immobilier commence apparemment à se retourner, contribuant au ralentissement de la croissance», a commenté Alistair Thornton, économiste de IHS Global Insight basé à Pékin.

La croissance du Produit intérieur brut (PIB) chinois, qui avait atteint 10,4% en 2010, est progressivement tombée à 9,7% au premier trimestre de cette année, à 9,5% au deuxième et 9,1% au troisième.

Selon M. Thornton, le message des autorités chinoises «est clair: l'économie ralentit beaucoup plus vite que prévu et le gouvernement est monté sur le ring» pour la soutenir. «La campagne d'assouplissement (monétaire) a démarré», selon lui.

La priorité n'est plus désormais à la lutte contre l'inflation, qui a décéléré à 5,5% en rythme annuel en octobre, après un pic de 6,5% atteint en juillet.

La hausse des prix et les remous qu'elle risquait de provoquer avaient conduit Pékin à relever plusieurs fois depuis l'automne dernier les taux d'intérêt et à augmenter encore les réserves obligatoires des banques, limitant l'argent que celles-ci peuvent prêter.

Dès fin octobre, le premier ministre Wen Jiabao avait toutefois indiqué que si la lutte contre l'inflation restait une priorité, le gouvernement pourrait modifier sa politique en temps utile.

Plus récemment, le vice-premier ministre responsable des Finances, Wang Qishan, a averti que l'économie mondiale allait entrer dans une longue phase de récession qui affecterait la Chine à travers une baisse de la demande.

Dix secteurs industriels ont vu leur activité se contracter dont la chimie, les équipements pour télécommunications et les ordinateurs, selon la CFLP.

Les difficultés devraient s'aggraver dans les semaines à venir, au vu des nouvelles commandes enregistrées par l'industrie manufacturière chinoise, dont l'indice est tombé à 47,8, soit une contraction de 2,7 points par rapport à octobre, d'après la même source.

L'indice PMI reflète «une détérioration prononcée des conditions économiques à travers l'ensemble du secteur manufacturier», a déclaré de son côté Qu Hongbin, principal économiste pour la Chine de HSBC.

L'économie chinoise «va continuer à ralentir», prédit aussi Zhang Liqun, un analyste travaillant pour le gouvernement chinois qui exclut toutefois «une chute brutale» de la croissance, grâce à des investissements et à une consommation intérieure soutenus.

Mais l'économie chinoise reste encore fortement dépendante des exportations, qui ont commencé à ressentir les effets de la crise de la dette en Europe, premier débouché des produits chinois, ainsi que d'une situation économique difficile aux États-Unis.

En octobre, les exportations chinoises vers l'Union européenne ont reculé à 28,74 milliards de dollars, contre 31,61 milliards en septembre, tandis que celles vers les États-Unis ont également diminué, à 28,6 milliards de dollars contre 30,11 milliards de dollars en septembre.