Le commerce extérieur chinois commence à souffrir de la crise en Europe et aux États-Unis : les exportations ont diminué en octobre sur un mois et les importations ont chuté encore davantage, tandis que Pékin maintient pour l'instant sa politique de resserrement monétaire.

Cette contraction est d'autant plus inquiétante que la deuxième économie mondiale reste encore très dépendante des exportations de son industrie manufacturière qui emploie des dizaines de millions de personnes, et dont l'Union européenne est le premier débouché.

Sur un an, le volume du commerce extérieur chinois continue certes encore à augmenter, mais à un rythme plus lent, selon les chiffres publiés jeudi par les douanes chinoises.

Les exportations ont progressé de 15,9% en octobre sur un an à 157,49 milliards de dollars, mais sont en nette baisse par rapport aux 169,7 milliards de dollars enregistrés en septembre.

Même chose pour les importations, qui ont fait un bond de 28,7% le mois dernier à 140,46 milliards de dollars sur un an, mais ont diminué de près de 15 milliards de dollars par rapport à septembre.

Ces chiffres sont publiés alors que la directrice générale du FMI Christine Lagarde, qui se trouve à Pékin, a dit craindre mercredi une «spirale d'instabilité financière mondiale» si les économies de la planète ne réagissent pas ensemble face à la crise de la dette en Europe et aux menaces de récession.

«Les événements tumultueux dans la zone euro pèsent lourd sur les exportations chinoises», a réagi pour sa part jeudi Alistair Thornton, analyste chez IHS Global Insight.

«La crise dans la zone euro reste, de notre point de vue, le plus grand facteur de risque à court terme pour l'économie chinoise», poursuit cet économiste.

Sauf en cas «d'effondrement soudain du système financier international» les exportations chinoises devraient toutefois continuer à augmenter dans les mois qui viennent, estime de son côté Lu Ting, économiste chez Bank of America - Merrill Lynch.

Cet expert prédit que leur hausse sur un an décélèrera à 13,5% au quatrième trimestre et à 10% en 2012.

«Les exportations et les importations vont probablement s'affaiblir encore dans les mois à venir, mais nous ne nous attendons toujours pas à un nouvel effondrement du commerce comme en 2008/2009», a aussi déclaré Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada.

En octobre, les exportations chinoises vers l'Union européenne ont reculé à 28,74 milliards de dollars, contre 31,61 milliards en septembre, tandis que celles vers les États-Unis ont également diminué, à 28,6 milliards de dollars contre 30,11 milliards de dollars en septembre.

L'excédent commercial de la Chine, que ses partenaires commerciaux surveillent de près, a toutefois progressé sur un mois à 17 milliards de dollars, contre 14,5 milliards en septembre.

Ce rebond risque d'aviver les tensions avec les États unis, notamment, où des parlementaires demandent avec insistance une réévaluation du yuan pour rééquilibrer les échanges. En août, les Américains avaient enregistré un déficit record de 29 milliards de dollars sur un seul mois dans leur commerce avec la Chine.

La contraction du commerce extérieur chinois s'inscrit dans un contexte de ralentissement de la croissance de la deuxième économie mondiale, alors que Pékin s'efforce depuis un an d'endiguer l'inflation.

Celle-ci a culminé à 6,5% en juillet, mais est retombée à 5,5% le mois dernier, soulevant des espoirs sur un possible assouplissement de la politique de resserrement monétaire du gouvernement.

«Des perspectives moroses dans les économies avancées vont continuer à se refléter dans les chiffres du commerce chinois, freiner la croissance et potentiellement forcer le gouvernement à mettre en place une politique monétaire plus accommodante», selon M. Thornton.

Le premier ministre Wen Jiabao a indiqué le mois dernier que le contrôle des prix restait une priorité, mais que le gouvernement pourrait modifier sa politique en temps utile.

Les réserves obligatoires des banques, qui ont été relevées à de nombreuses reprises depuis l'an dernier, pourraient ainsi être abaissées pour permettre une relance du crédit, selon des analystes qui écartent en revanche une baisse des taux d'intérêt.