La Chine a enfin commencé à marquer des points dans la lutte contre l'inflation, ce qui pourrait amener le gouvernement à assouplir sa politique monétaire, d'autant plus que la hausse de la production industrielle ralentit également, selon les analystes.

L'augmentation des prix à la consommation est tombée en octobre à 5,5% sur un an contre 6,1% en septembre, après avoir culminé à 6,5% au moins de juillet, a annoncé mercredi le Bureau national des Statistiques (BNS).

La production industrielle a également ralenti, avec une hausse de 13,2% le mois dernier contre 13,8% en septembre, ce qui montre que «la décélération de la croissance se confirme», selon Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight.

Le produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale a augmenté de 9,1% au troisième trimestre, contre 9,5% au deuxième et 9,7% au premier.

L'inflation, source d'instabilité sociale, inquiète depuis un an le gouvernement chinois, d'autant plus qu'elle frappe prioritairement les prix alimentaires, rognant ainsi sur le pouvoir d'achat des Chinois les plus modestes.

Sur les dix premiers mois de l'année, les prix ont progressé de 5,6%, alors que l'objectif que s'était fixé le gouvernement en mars pour 2011 était de 4%, a précisé le Bureau national des Statistiques (BNS).

«Depuis le mois d'octobre, le niveau général des prix est déjà nettement retombé», s'est réjoui mardi le premier ministre chinois Wen Jiabao qui effectuait une visite en Russie, cité par l'agence Chine nouvelle.

Le ralentissement de la hausse des prix est notamment dû à la stabilisation des prix alimentaires, qui ont baissé de 0,2% par rapport à septembre, les prix des légumes tombant de 3,4%.

Sur un an, les prix alimentaires restent le principal facteur d'inflation, augmentant en octobre de 11,9%, contre 13,4% en septembre.

Alors que subsistent des difficultés dans la logistique et les transports qui handicapent l'accès aux marchés des paysans, «le moyen principal de réguler les prix doit être d'encourager la production», a encore dit M. Wen.

Pékin a pris depuis un an une série de mesures essentiellement monétaires pour combattre une inflation qui s'était accélérée suite à des mesures de relance de l'économie destinées à enrayer les effets de la crise financière mondiale de 2008/2009.

Après avoir ouvert en grand les vannes du crédit en 2009 et début 2010, la banque centrale a relevé plusieurs fois les taux d'intérêt et les réserves obligatoires des banques afin de limiter la croissance de la masse monétaire, génératrice d'inflation.

Les chiffres d'octobre «devraient être encourageants pour les marchés», a commenté Lu Ting, analyste chez Bank of America - Merril Lynch. «Les responsables politiques vont peut-être encore faire de la lutte contre l'inflation leur priorité, mais les mesures gouvernementales seront de plus en plus orientées vers un soutien de la croissance».

«Tandis que l'inflation va diminuer de manière plus marquée au courant du quatrième trimestre, nous nous attendons à ce que les prêts bancaires croissent plus vite», a de son côté indiqué dans une note la banque J.P. Morgan.

Ce recul de l'inflation «est un bon résultat pour Pékin, c'est exactement ce que les responsables politiques ont essayé de mettre en oeuvre durant les six à douze derniers mois», a pour sa part jugé Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada.

«Il est toutefois prématuré de s'attendre dès maintenant à un changement de politique de grande ampleur. Le premier ministre Wen Jiabao a notamment continué à souligner la nécessité de maintenir les restrictions en place sur le marché immobilier», poursuit cet analyste.

Afin d'éviter la formation d'une bulle sur ce marché qui est le placement privilégié de l'épargne en Chine, le gouvernement a limité depuis l'an dernier le nombre d'appartements que les particuliers peuvent acquérir.