Les patronats et syndicats des pays du G20 se sont associés pour la première fois jeudi pour appeler les dirigeants des pays du G20 à faire des questions sociales et de l'emploi une priorité face à la crise et à la montée des mouvements sociaux à travers le monde.

Les dirigeants des organisations patronales des pays du G20, réunis au sein du «B20» et ceux des organisations syndicales, le «L20», ont signé et remis aux chefs d'État et de gouvernement une déclaration visant à définir «un socle commun» de protection sociale et de lutte contre le chômage.

Ils y expriment leur «profonde inquiétude quant à la situation économique mondiale» et demandent au G20 de faire des sujets sociaux et de l'emploi «une priorité».

«Nous demandons avec insistance au G20 de faire de ces différents sujets une priorité afin de réduire le chômage et éviter qu'une proportion croissante de la population ne perde confiance et espoir dans l'économie mondiale», déclarent le B20 (B comme business) et le L20 (L comme Labour).

Ils appellent les dirigeants des principaux pays riches et émergents à mettre «désormais» l'accent sur «la constitution d'un environnement propice aux entreprises et à la création d'emplois».

«Le message de cette déclaration c'est que le G20, s'il n'apparaît ne s'occuper que de questions financières, échouera», a déclaré à l'AFP Bernard Spitz, coordinateur du B20 et du L20 et membre du bureau de l'organisation patronale française Medef.

«Il est essentiel pour les chefs d'État, à un moment aussi critique sur le plan économique avec les conséquences sociales que cela peut avoir, que cette dimension sociale soit prise en compte», a précisé M. Spitz, qui est également président de la Fédération française des sociétés d'assurance.

«Il ne fait aucun doute que c'est l'économie réelle, les travailleurs et les employeurs qui sortiront l'économie mondiale de la crise et non pas les banquiers ou les spéculateurs», a déclaré pour sa part au cours d'un point de presse Sharan Burrow secrétaire général de la Confédération syndicale internationale.

Cette déclaration commune relativement brève entre partenaires sociaux de pays aux disparités très importantes se concentre sur l'emploi, la protection sociale, les droits fondamentaux au travail. Elle appelle également à une plus grande cohérence des actions des organisations internationales concernées: Fonds monétaire international, Organisation mondiale de la santé, Organisation internationale du travail (OIT) et la Banque mondiale.

«Nous appelons le G20 à faire de la situation de l'emploi des jeunes sa priorité», indique la déclaration, jugeant la question «particulièrement alarmante».

«La priorité c'est l'emploi, en particulier l'emploi des jeunes, c'est une évidence, nul besoin de s'arrêter sur tous les mouvements qui se mettent en place à droite et à gauche, notamment autour des +indignés+», a renchéri le secrétaire général du syndicat français CFDT, François Chéréque.

Les signataires s'accordent pour que soit réduite l'économie informelle et s'engagent à défendre la Déclaration de 1998 de l'OIT sur les droits fondamentaux du travail qui couvre notamment la santé et la sécurité, la formation.

La reconnaissance de l'importance de la «compétitivité des entreprises» et du «financement pérenne de la protection sociale», témoignent du «pragmatisme et du réalisme» qui a prévalu dans les discussions, a commenté M. Spitz.

Ces déclarations n'ont aucune valeur d'obligation mais doivent servir de tremplin, de référence sur le long terme, soulignent les participants.

«Peut-être nos successeurs dans dix ans, dans 20 ans pourront dire, +ce qui a été entamé en France au moment du G20 commence à avoir des résultats+», a déclaré M. Chéréque.