Le premier ministre grec Georges Papandréou, 59 ans, qui fait trembler la zone euro avec l'annonce d'un référendum sur l'accord de désendettement de son pays, est un réformiste convaincu affichant une certaine vision de l'Europe, mais usé par une crise tentaculaire.

Socialiste, au pouvoir depuis deux ans, M. Papandréou, a pris le risque d'être poussé vers la sortie en annonçant lundi soir un référendum sur l'accord européen de sauvetage de son pays décidé le 27 octobre après avoir épuisé son capital politique d'héritier d'une grande dynastie sociale grecque. Il a mené une longue bataille contre la dette et les déficits de son pays dans l'espoir de rester à bord du navire euro.

Au plan intérieur, il affronte une contestation sociale généralisée suscitée par la cure de rigueur subie par ses concitoyens.

Parallèlement, il teste les limites du politique et de la solidarité européenne face à la puissance de certains acteurs des marchés financiers persuadés de longue date de l'inéluctabilité d'un défaut de paiement de la Grèce qui met en péril toute la zone euro.

Devant l'accumulation des mesures d'austérité, sa majorité politique s'est effritée, au point que mardi soir, il n'était plus très sûr que son parti, le Pasok, dispose encore d'une véritable majorité au sein des 300 députés du parlement grec, où un vote de confiance est annoncé pour la fin de la semaine.

Troisième du nom à diriger la Grèce, Georges Papandréou s'est engagé dès son élection en 2009 à assainir l'économie du pays, minée par la crise de la dette publique dans le sillage de la crise financière mondiale de 2008.

Ancien ministre des Affaires étrangères, crâne dégarni et moustache blanche, M. Papandréou avait aussi promis une «remise en ordre» de l'État grec, plombé par le clientélisme et la corruption.

Son plan d'austérité drastique a purgé quelques déficits mais s'est avéré insuffisant, d'autant qu'il a contribué à aggraver la récession, amplifiée par des problèmes propres à l'économie grecque comme une évasion fiscale chronique.

Dès le début de la «crise grecque», M. Papandréou avait fait appel à son réseau de l'Internationale socialiste, notamment à Dominique Strauss Kahn, à l'époque patron du Fonds Monétaire International (FMI).

Ce dernier a eu un rôle déterminant pour que l'Europe surmonte ses divisions et déclenche une solidarité financière vis-à-vis de la Grèce. Mais le plan mis en place en mai 2010 n'a pas été suffisant.

Malgré une relative absence de charisme, c'est la crise financière qui a forgé la stature de Georges Papandréou, né aux États-Unis et formé à l'américaine, mais héritier du système politique populiste incarné par son père Andréas.

Surnommé «Yorgakis» (petit Georges) par les Grecs, il a impressionné jusque dans les rangs de l'opposition conservatrice par sa ténacité, son image d'homme intègre et sa détermination à éviter une humiliante faillite à son pays.

Mais, otage de la dette, il a manqué de dynamisme pour convaincre son propre parti de la nécessité de libéraliser l'économie qui trahissait son ADN de culture socialiste et ses liens avec les syndicats.

Ses adversaires politiques et les fiers nationalistes grecs lui reprochent aussi d'avoir accepté une tutelle totale des Européens sur la Grèce, contrainte de vendre ses bijoux de famille et ayant perdu toute autonomie financière.

Petit-fils et homonyme du grand dirigeant centriste de l'après-guerre, Georges Papandréou a entamé sa carrière politique à 29 ans sous la houlette de son père, fondateur du Pasok en 1974. Il suivra un parcours similaire, entre rupture filiale et exploitation de la légitimité familiale.

Né le 16 juin 1952 à Saint-Paul (Minnesota), cet aîné d'une fratrie de quatre enfants commence sa carrière politique en occupant des postes secondaires dans les gouvernements de son père (1981-89, 1993-96).

Sociologue de formation, marqué par l'expérience de la social-démocratie scandinave, il a tourné le dos dans les années 90 à la vieille garde populiste du Pasok pour adhérer au camp moderniste de Costas Simitis, Premier ministre de 1996 à 2004, architecte de l'entrée de la Grèce dans la zone euro.

Aux affaires étrangères, Georges Papandréou se fera l'artisan en 1999 de la détente avec la Turquie et les voisins balkaniques.

Il veille aussi au maintien de bonnes relations transatlantiques, en dépit du virulent antiaméricanisme des Grecs, ayant reçu à plusieurs reprises pendant la crise le soutien du président américain Barack Obama.