L'engagement de la Tunisie sur la voie de la démocratie doit, selon le gouverneur de la Banque centrale tunisienne (BCT), de nouveau attirer les investissements qui, seuls, permettront au pays une réelle reprise de la croissance économique mise à mal par la révolution.

«L'enjeu majeur, c'est le retour des investissements - étrangers et nationaux - qui, nous l'espérons, devrait intervenir avec celui de la démocratie», souligne dans un entretien avec l'AFP le gouverneur de la BCT Mustapha Kamel Nabli, 63 ans.

Le parti islamiste Ennahda, qui s'apprête à occuper une place prépondérante dans la direction du pays après sa victoire aux élections du 23 octobre  - le premier scrutin libre en Tunisie - a multiplié ces derniers jours les messages visant à rassurer les investisseurs et le secteur financier.

Après des années de croissance (+ 5% en moyenne), celle-ci s'est retrouvée en chute libre dans les semaines qui ont suivi le début de la révolution, en décembre 2010, et la chute, le 14 janvier dernier, du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

Le taux de croissance était de -3% sur les trois premiers mois de l'année et les estimations pour l'ensemble de 2011 le situent autour de 0,5 %.

C'est une croissance «faible» mais qui va s'améliorer avec «le retour de la confiance», estime le gouverneur de la BCT.

Pourtant, les projections économiques fixent, selon M. Nabil, à un seuil très élevé (7%) le taux de croissance nécessaire «pour créer suffisamment d'emplois et remédier à la fracture sociale».

La chômage en Tunisie a été l'un des causes majeures de la chute du pouvoir de Ben Ali.

Il s'agit de résorber un fléau qui représente près de 20% de la population active (700.000 demandeurs d'emploi), mais aussi d'intégrer dans les rouages économico-financiers quelque 300.000 diplômés tunisiens en quête de travail.

Selon M. Nabli, la Tunisie est néanmoins «sortie de la zone de danger» et son économie est de nouveau «sur une pente ascendante».

Le tourisme (7% du PIB en temps ordinaire), un secteur que le dirigeant qualifie de «sinistré», a commencé à reprendre de la vigueur après avoir dégringolé de quelque 60 % au premier trimestre. Cette chute a été partiellement résorbée et n'est plus aujourd'hui que de l'ordre de 25%.

Parallèlement se félicite M. Nabli, «les services publics ont continué de fonctionner et, dès le mois d'avril, nous avons pu noter une augmentation sensible des exportations de produits manufacturés», relève-t-il.

«La reprise économique est là. Ça reste fragile, mais les équilibres macro-économiques sont satisfaisants», assure-t-il.

Pour le gouverneur de la BCT, l'année 2012 devrait être «une bonne année'.

«Si la transition se passe bien, la démocratie va nous donner un net avantage parce que la société va fonctionner de façon plus transparente. Nous sommes débarrassés d'un régime au sein duquel la prédation et la corruption étaient la règle et cela devrait ouvrir des champs énormes aux investissements», a-t-il déclaré.

«L'évolution de notre économie dépendra aussi, a-t-il nuancé, de la conjoncture en Europe (80% des échanges en moyenne) et de la situation en Libye», deuxième partenaire commercial de la Tunisie après la France.