L'ambassadeur des États-Unis au Canada défend la controversée clause «Buy America» contenue dans le plan sur l'emploi du président Barack Obama.

David Jacobson affirme que le plan de création d'emplois de 447 milliards remettra l'économie américaine sur les rails, et celle du Canada par la même occasion.

Devant un auditoire de gens d'affaires à Ottawa, M. Jacobson a expliqué que la disposition est nécessaire pour que le plan de M. Obama ait une chance d'être adopté par le Congrès, toujours très divisé.

«Si vous ne l'aviez pas remarqué, ce n'est pas si facile pour lui de faire accepter des projets de loi au Congrès. Alors il devait prendre une décision difficile. Il devait présenter un projet de loi qui avait des chances d'être adopté,» a-t-il dit lors d'une allocution prononcée dans le cadre d'un déjeuner du Canadian Club.

«Si le plan n'est pas adopté, l'économie américaine - et l'économie canadienne du même souffle - continuera de souffrir,» a-t-il prédit. Il a affirmé que le Canada doit «accepter le mal avec le bien» et que son voisin du Sud continuera à se conformer à ses obligations commerciales internationales.

Il s'agissait là du discours le plus percutant de M. Jacobson depuis son entrée en poste comme ambassadeur au Canada, mais il n'avait pas le choix d'aborder le sujet.

La disposition protectionniste a été ressuscitée alors que le Canada et les États-Unis se préparent à annoncer officiellement une entente de coopération frontalière qui entraînera des dépenses d'un milliard de dollars pour le Canada pour de nouvelles installations et des programmes.

Ottawa tente d'obtenir une dérogation, comme il l'avait fait quand une clause similaire s'est retrouvée dans un précédent projet de loi de stimulation économique.

M. Jacobson a tenté d'être rassurant en indiquant que les répercussions de la disposition «Buy America» n'auraient qu'un impact mineur sur les échanges entre les deux pays, dont le total s'est élevé l'année dernière à 526 milliards - soit plus d'un million de dollars chaque minute.

«Si vous comparez les conséquences de la clause «Buy America» sur le commerce canadien - soit probablement quelques heures de ces échanges annuels dont j'ai parlé plus tôt - avec les avantages que le plan sur l'emploi apportera au pays, je soupçonne que la majorité des économistes du Canada estimeront qu'il faut accepter le mal avec le bien,» a-t-il argué.

L'ambassadeur a aussi tenté de réconforter les gens d'affaires présents en assurant que le plan garantira le respect des obligations commerciales américaines en vertu de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

«Aucuns pays au monde n'ont un meilleur dossier en ce qui concerne la résolution des différends commerciaux que le Canada et les États-Unis.»

M. Jacobson a dû aborder un autre sujet controversé, soit une décision de la Commission maritime fédérale des États-Unis de commander une enquête en réponse à des plaintes de ports américains affirmant que le Canada subventionne injustement le déroutement des navires de charge pour les éloigner de ses compétiteurs américains.

Il a affirmé avoir été personnellement rassuré par le président de la Commission, Richard Lidinsky, qui lui aurait confirmé qu'il n'envisageait pas d'imposer une taxe ou un quelconque tarif aux navires canadiens.