Le nombre de chômeurs britanniques est au plus haut depuis 17 ans, un record qui a aussitôt relancé les appels à un assouplissement du plan de rigueur gouvernemental dont les effets sur l'économie et l'emploi sont amplifiés par la crise de la zone euro.

Selon des statistiques officielles publiées mercredi, le taux de chômage a grimpé à 8,1% fin août, contre 7,9% fin juillet. Près de 2,6 millions de Britanniques sont désormais inscrits au chômage, un chiffre inégalé depuis octobre 1994, alors que la croissance du pays se trouve quasiment à l'arrêt.

Le chômage des jeunes, un indicateur suivi de particulièrement près depuis les émeutes du mois d'août, est en train d'exploser: près d'un million d'entre eux sont à la recherche d'un emploi, soit 21,3% des Britanniques de 16 à 24 ans se trouvant sur le marché du travail. C'est un record absolu depuis le début de la compilation de statistiques les concernant.

Quant au nombre de fonctionnaires, il a fondu de plus de 110 000 durant l'été en raison des coupes budgétaires ayant frappé de plein fouet les municipalités. Or le secteur privé n'est pas parvenu à compenser ces pertes, contrairement aux espoirs du premier ministre conservateur David Cameron.

Interpellé au Parlement par l'opposition travailliste, M. Cameron a reconnu que les chiffres du chômage étaient «très décevants». Mais il a de nouveau exclu de réviser son plan de lutte contre le déficit public, dont il a fait une priorité absolue pour rassurer les marchés financiers.

«Il est temps d'admettre que votre plan ne marche pas», lui a rétorqué le chef du Labour Ed Milliband, selon lequel la politique d'austérité a «tué la croissance».

Du côté des syndicats, le secrétaire général du Trades Union Congress (TUC) Brendan Barber a évoqué des «chiffres horribles» et accusé les coupes budgétaires d'être à l'origine de «suppressions d'emplois à une échelle jamais vue depuis les pires moments de la récession» de 2008/2009.

«Ce pays a un besoin urgent d'un plan B pour permettre aux gens de travailler», a-t-il lancé.

Admettant l'ampleur des difficultés actuelles, la Banque d'Angleterre a décidé la semaine dernière d'injecter l'équivalent de près de 90 milliards d'euros dans l'économie pour tenter de la ranimer un peu face aux «tensions de l'économie mondiale».

Le gouvernement insiste pour sa part sur l'impact de la crise de la dette dans la zone euro -avec laquelle le pays réalise 40% de ses échanges- alors qu'il comptait en priorité sur un boom des exportations pour compenser les effets de son plan de rigueur.

M. Cameron et son ministre des Finances George Osborne multiplient en conséquence les appels à leurs homologues européens pour qu'ils agissent de toute urgence, assurant que cette crise est «la principale menace pesant sur le Royaume-Uni».

Certains experts estimaient mercredi que la barre des trois millions de chômeurs serait atteinte dans les mois qui viennent, en particulier si le gouvernement ne ralentit pas le rythme des suppressions d'emplois dans la fonction publique.

Avec le risque d'un effet boule de neige: les analystes du cabinet Capital Economics s'attendent ainsi «à une détérioration accélérée du marché du travail, ce qui fragilisera encore plus l'ensemble de l'économie et augmentera d'autant les risques d'un retour dans la récession».