La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a donné jeudi à la fois raison aux États unis s'ils veulent relancer leur croissance «à court terme» et à l'Europe si elle se donne pour priorité de rééquilibrer ses finances publiques.

«Certains pays peuvent aider la croissance à court terme», a déclaré Mme Lagarde lors d'une conférence de presse à l'ouverture des assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international à Washington.

«Il est clair que les États-Unis me viennent à l'esprit immédiatement», a-t-elle précisé.

«Mais c'est une question d'équilibre», a-t-elle ajouté. «Il faut qu'il y ait une trajectoire parallèle entre ce qui peut aider la croissance à court terme en ralentissant le rythme du rééquilibrage des finances publiques et la façon dont sont solidement et résolument ancrées les mesures qui permettront une réduction du déficit à court terme».

Mme Lagarde soutient le projet présenté le 8 septembre par le président américain Barack Obama pour aider la création d'emplois, dont le coût a été chiffré par la Maison-Blanche à 447 milliards de dollars.

Mais elle a rappelé mercredi qu'elle soutenait aussi les pays faisant des efforts pour faire baisser leur déficit budgétaire.

«Les pays avancés ont besoin de rééquilibrer leurs finances publiques», a-t-elle dit.

«C'est une question d'établir le bon calendrier, une question de confiance. .... Des mesures à moyen terme, long terme, solides, bien ancrées qui chercheront effectivement à restaurer des finances publiques saines en réduisant les déficits, en stabilisant la dette et en la réduisant progressivement, doivent figurer en tête de toutes les priorités dans ces économies», a estimé Mme Lagarde.

La dirigeante du FMI s'exprimait alors qu'au cours de deux conférences différentes dans la capitale américaine, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn venaient d'afficher les divergences transatlantiques sur les priorités à donner à la politique économique: relance ou rigueur.

«Les gouvernements devraient reconnaître que la croissance est le défi le plus grand qui se pose à nous dans le monde entier» et «adapter leur politique budgétaire, leur politique monétaire et leur politique financière au sens large pour reconnaître cette réalité nouvelle», a ainsi déclaré M. Geithner.

«La position de l'UE est claire. Le ralentissement n'est pas une excuse pour cesser de mettre de l'ordre dans nos finances publiques», a pour sa part affirmé M. Rehn.

Mme Lagarde est apparue convaincue qu'il y avait la place pour un compromis.

«Si le FMI peut être un bon entremetteur, je peux vous assurer que nous serons tous capables de mettre nos egos de côté, parce qu'ils ne sont franchement pas pertinents en comparaison aux défis qui sont devant nous», a-t-elle déclaré.

Selon elle, «nous sommes là-dedans ensemble et nous pouvons nous en tirer ensemble».

«L'ensemble des solutions et des méthodes pour régler la situation est parfaitement connu: ce qui est nécessaire, et que nous espérons pouvoir aider à susciter à l'occasion des assemblées annuelles, c'est la détermination politique et le degré de synchronisation qui doivent se manifester pour être en mesure de s'engager sur ce chemin de la reprise», a-t-elle souligné.