Suspendus au sort de la Grèce, les marchés restaient nerveux mercredi, espérant une reprise en main du dossier par les dirigeants politiques, qui ont multiplié les déclarations, parfois alarmistes, avant une téléconférence en fin d'après-midi entre Berlin, Paris et Athènes.

«Le souci pour les Européens est de s'accorder avant que le reste du monde ne les oblige à le faire», estiment François Duhen et Benoît Rodriguez, analystes du Crédit Mutuel CIC.

Les Européens cherchent désespérément à se sortir du bourbier grec, épée de Damoclès pour la zone euro. Le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre François Fillon ont réaffirmé mercredi que la France était déterminée à «tout mettre en oeuvre pour sauver la Grèce», selon la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse.

Le président français doit s'entretenir en fin d'après-midi avec le premier ministre grec Georges Papandréou et la chancelière allemande Angela Merkel sur la situation financière de la Grèce à l'occasion d'une téléconférence annoncée mardi.

Cette conférence a été décidée en vue de la réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro prévue en fin de semaine en Pologne.

À quelques heures de ce rendez-vous, les déclarations alarmistes se multipliaient: un défaut de paiement ou une sortie de la zone euro de la Grèce aurait des «coûts dramatiques» pour le pays, l'Europe et le monde entier, a mis en garde le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.

Jacek Rostowski, le ministre polonais des Finances, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a averti que si la zone euro se fissurait, «l'Union européenne ne serait pas capable de survivre, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer».

Depuis quelques jours, les inquiétudes sur la Grèce se sont accentuées. Le doute s'est en effet installé sur la capacité du pays à pouvoir respecter ses engagements d'économies et de réformes et l'hypothèse d'une faillite du pays, repoussée par tous les dirigeants il y a peu, gagne du terrain.

Mardi, Mme Merkel avait souligné que «la priorité absolue était d'éviter un défaut de paiement incontrôlé de la Grèce». Une manière de reconnaître qu'un défaut de paiement bien encadré de la Grèce n'est plus à écarter, afin d'éviter une faillite «subie» qui risquerait de se propager à d'autres pays autrement plus importants, comme l'Italie ou l'Espagne.

Outre-Atlantique, le président américain Barack Obama s'est également inquiété de l'enlisement du dossier grec. «La Grèce est évidemment le problème le plus urgent. Et ils sont en train de prendre des mesures pour ralentir la crise, mais pas pour l'arrêter», a estimé mardi le président américain.

Le secrétaire au Trésor des États-Unis Timothy Geithner participera vendredi à la réunion des ministres de l'Économie et des Finances de l'Union européenne.

Au milieu de cette nervosité générale, les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait savoir qu'ils allaient discuter la semaine prochaine de la possibilité de venir en aide à l'Europe.

Mais la Chine a déjà quelque peu douché les espoirs des investisseurs. Le premier ministre chinois Wen Jiabao a évoqué mercredi de façon générale un renforcement des investissements chinois en Europe, mais de nombreux opérateurs espéraient l'annonce d'un soutien plus concret à travers le rachat d'obligations des pays européens les plus endettés.

La tension très forte sur les marchés a été renforcée mercredi par l'abaissement par de l'agence de notation Moody's de la note de deux banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole, alors que le secteur est très malmené en Bourse en raison de son exposition aux dettes des États européens.

La confirmation par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso de la présentation d'une étude sur les options possibles en vue de créer des euro-obligations, mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro, semblait toutefois rassurer les marchés.

Après une ouverture en nette baisse, les marchés européens étaient dans le vert à la mi-journée: Paris progressait de 0,96%, Londres de 0,79% et Francfort de 1,13%. À Madrid même tendance à +1,49% tandis que Milan gagnait 0,95%.