Les pays riches du G7 se sont retrouvés vendredi à Marseille, dans le sud de la France, pour tenter de surmonter leurs différences d'approche et trouver une réponse convaincante à la crise, sur fond de nouvelle dégringolade des marchés financiers.

Au moment même où les grands argentiers des pays les plus industrialisés entamaient cette réunion, Wall Street et les Bourses européennes plongeaient toutes dans le rouge.

Le ministre français des Finances, François Baroin, dont le pays préside actuellement le G7, a promis «une discussion de fond sur le ralentissement observé cet été dans le monde». «Le débat sera d'autant plus libre qu'il n'y aura pas de communiqué final», a-t-il ajouté. Seule une conférence de presse de la présidence est attendue en fin de soirée.

Les grandes puissances sont pressées de faire quelque chose pour éviter une rechute de la croissance après la grande récession de 2008-2009.

«Les États doivent agir maintenant, et agir avec audace», car l'économie mondiale «traverse une phase pleine de dangers», a ainsi lancé vendredi matin à Londres la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, avant de gagner Marseille.

Agir donc. Mais qui, et comment?

Au lendemain de l'annonce du plan pour l'emploi de 447 milliards de dollars par le président Barack Obama, les États-Unis sont arrivés à Marseille avec le sentiment du devoir accompli. Et en attendent autant de l'Europe.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a de nouveau exhorté vendredi les Européens à prendre de nouvelles mesures susceptibles de rassurer sur leur capacité à passer la crise. Et il a quelque peu douché les espoirs d'une action concertée et forte des banques centrales du G7 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Canada et Japon).

«On va voir les gouvernements et les banques centrales, partout, refaire leurs comptes et décider où ils ont de la latitude pour chercher ce qu'ils peuvent faire pour aider à renforcer la croissance», a-t-il expliqué.

«Cela va venir progressivement, avec le temps. Mais je ne pense pas qu'il faille attendre de cette réunion un changement spectaculaire dans les signaux envoyés», a-t-il précisé.

D'autant que la double crise, économique et de la dette, appelle des réponses difficilement conciliables: soutien coûteux à l'activité d'une part, réduction du déficit de l'autre.

Sur ce chapitre, les Européens ont réitéré vendredi leur engagement à assainir leurs finances publiques, insistant sur leur absence de marges de manoeuvre pour une relance. Les pays du G7 doivent prendre des mesures «coordonnées» pour soutenir la reprise, mais les Européens doivent en priorité continuer à réduire leur déficit, a confirmé à Marseille le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Pourtant, des voix de plus en plus nombreuses, à l'instar de Christine Lagarde, commencent à suggérer que les bons élèves de la discipline budgétaire utilisent les marges de manoeuvre qui leur restent pour relancer l'activité.

«Combattre la crise avec un endettement encore plus prononcé, cela serait exactement le mauvais chemin à prendre», a rétorqué vendredi le ministre allemand des Finances Wolgang Schäuble, «cela aggraverait les problèmes au lieu de les résoudre».

Son collègue britannique George Osborne n'a pas dit autre chose en réaffirmant la détermination de son pays à poursuivre son plan d'austérité, en dépit des avertissements à Londres de Mme Lagarde contre des politiques d'assainissement budgétaires trop brutales.

Samedi, les ministres du G7 retrouveront leur homologue russe pour un G8 consacré à l'aide financière à apporter au «printemps arabe».