En tournée économique en Asie, le premier ministre Jean Charest a plaidé jeudi en faveur d'un accord de partenariat économique entre le Canada et la Chine.

M. Charest a soulevé l'idée devant quelques centaines d'invités de la Chambre de commerce canadienne à Shanghai, capitale économique et financière de la Chine.

Compte tenu de l'influence sans cesse grandissante de l'Asie sur l'économie mondiale et des turbulences qui agitent le marché américain, le fruit est mûr pour que le Canada initie des pourparlers avec la Chine, a fait valoir M. Charest.

«Je crois que le temps est venu pour le Canada, le Québec et toutes les autres provinces, de franchir un pas de plus dans les relations avec la Chine et de proposer la négociation d'un accord élargi et bien délimité de partenariat économique entre nos deux pays», a-t-il expliqué.

À la tête d'une mission commerciale depuis le début de la semaine en Chine, le premier ministre a évoqué les raisons qui, à ses yeux, rendent la négociation d'un accord de partenariat économique incontournable.

En 2009, a-t-il relaté, la Chine est devenue la deuxième puissance économique du monde et pourrait dépasser les États-Unis en 2020. Elle a également surpassé le Canada, en 2009, comme premier partenaire commercial des Américains.

Si les prévisions se confirment, la Chine deviendra au terme de la présente année le deuxième partenaire commercial du Québec en importance, devant le Royaume-Uni et derrière les États-Unis.

Avec la contribution des provinces, le Canada a donc tout intérêt à s'entendre avec le géant asiatique, a fait comprendre le premier ministre du Québec.

«Les pays qui ont à coeur leur avenir économique n'ont d'autre choix que de tenir compte de la Chine», a-t-il déclaré.

Au cours des dernières années, Pékin a conclu des ententes commerciales bilatérales avec plusieurs pays dont le Chili, le Pérou, la Nouvelle-Zélande et le Costa Rica.

Au Canada, des négociations sont en cours depuis 15 ans sur un accord portant sur la protection des investissements.

«Ce n'est pas mauvais, je ne veux pas laisser l'impression que c'est mauvais, ça avance, et si on obtient une entente ça va être mieux, mais ce n'est pas suffisant», a estimé le premier ministre.

L'accord de partenariat économique que suggère M. Charest avec la Chine serait basé essentiellement sur celui négocié avec l'Europe. Il porterait entre autres sur les biens, les services, les investissements, les sciences et les technologies.

«Si nous allons de l'avant, nous allons négocier une entente en fonction de nos valeurs, conçue sur mesure pour la Chine en tenant compte des enjeux. Par exemple, la gestion de l'offre. Pour nous, au Québec, il n'est pas question de négocier la gestion de l'offre, pas plus avec la Chine que l'Europe ou quiconque», a-t-il pris soin de préciser.

Du reste, il ne s'agit pas d'abattre toutes les barrières mais de fixer des règles du jeu équitables pour les deux pays, a expliqué le premier ministre.

«On établit des règles réciproques de part et d'autre et l'expérience démontre qu'à chaque fois que des pays ont conclu des ententes (de partenariat économique), il y a eu un élan dans les investissements», a-t-il affirmé.

M. Charest a dit avoir fait part de sa proposition plus tôt cette semaine à son vis-à-vis fédéral Stephen Harper, qui aurait réservé un bon accueil à l'idée.

Le premier ministre du Canada est attendu en Chine dans quelques semaines.