Les Bourses mondiales ont regagné du terrain lundi après leur effondrement de la semaine dernière, en attendant le sommet de crise mardi entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, destiné à apaiser le climat de défiance autour de la dette en zone euro.

Mais «il ne faut pas se tromper, les marchés restent nerveux», a prévenu Frédéric Rozier, analyste de Meeschaert Gestion Privée.

Après avoir encaissé la dégradation du triple A américain et frôlé le krach en milieu de semaine dernière, les marchés européens ont poursuivi lundi leur remontée entamée vendredi.

Au terme d'une journée marquée par de faibles volumes d'échanges et la fermeture d'Athènes et de Milan pour cause de jour férié, Francfort a gagné 0,41%, Londres 0,57% et Paris 0,78%.

La Bourse suisse a pris 1,37% grâce au recul de la devise helvétique face aux autres monnaies après les sommets de la semaine dernière. Madrid a progressé de 0,71% après une matinée dans le rouge.

A New York, la tendance a été plus franche, grâce à une série d'annonces de fusions acquisitions. Le Dow Jones a gagné 1,90% et le Nasdaq 1,88%, ces deux indices effaçant leurs pertes de la semaine dernière, et remontant donc au-delà de leur niveau du 5 août, juste avant l'abaissement de la note de solvabilité des Etats-Unis par l'agence Standard and Poor's.

«C'est un marché schizophrénique, bipolaire: on est passé de la dépression à l'euphorie», a confié à l'AFP une source dans la salle de marché new-yorkaise d'une grande banque européenne.

En Asie, Tokyo a progressé de 1,37% et Hong Kong s'est envolé de 3,26%.

Porté par l'optimisme des marchés, l'euro accélérait sa hausse face au billet vert, s'échangeant à 1,4438 dollar vers 16h30, après un pic à 1,4477 dollar, son plus haut niveau depuis fin juillet.

Mais, succédant au vent de panique qui a soufflé sur les places financières, cette légère embellie n'a pas totalement dissipé les doutes et inquiétudes suscités par l'endettement massif des États industrialisés.

Réponse à la fragilité de la zone euro, la Banque centrale européenne a, pour la première fois depuis cinq mois, racheté des obligations publiques la semaine dernière afin de soutenir l'Italie et l'Espagne. La BCE a acquis pour 22 milliards d'euros de titres, un montant hebdomadaire record.

«Les marchés sont très nerveux», a commenté lundi le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, ajoutant toutefois qu'il ne s'attendait «pas à une crise comme celle de Lehman» (Brothers), en référence à la faillite de la banque américaine en septembre 2008 qui a précipité le monde dans la crise.

Dans ce climat de fébrilité, la rencontre prévue mardi à l'Elysée entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel attire tous les regards, même si la portée de ce mini-sommet a d'ores et déjà été relativisée outre-Rhin.

Le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert a affirmé lundi qu'il ne fallait «rien attendre de spectaculaire» de la réunion de mardi et que la question des euro-obligations n'y jouerait «aucun rôle».

L'Elysée a confirmé que ces obligations, réclamées en choeur par plusieurs dirigeants européens, ne figuraient pas «à l'ordre du jour» des discussions.

Ce mini-sommet, même s'il ne débouchait pas sur des mesures concrètes, pourrait toutefois envoyer un message de cohésion aux marchés, estimaient certains analystes.

«C'est utile de voir ces deux chefs d'État ensemble à la manoeuvre alors que l'Europe est souvent vue comme une zone de cacophonie», jugeait Bertrand Lamielle, analyste chez BNP Paribas.

D'autres analystes mettaient au contraire en garde contre les effets d'un éventuel fiasco de ce sommet. «Si rien n'est annoncé, cela signifiera qu'il y a un profond désaccord entre Paris et Berlin et les marchés peuvent s'emballer de nouveau», avertissait Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.

La France et l'Italie, récemment dans le collimateur des marchés, ont donné quelques signes positifs dans l'espoir d'apaiser les investisseurs.

Plombée par les déficits, l'Italie a adopté vendredi un plan de rigueur de 45 milliards d'euros et promis un retour à l'équilibre dès 2013 au lieu de 2014.

De son côté, le gouvernement français, inquiet d'une possible dégradation de son triple A, prépare pour le 24 août une série de mesures d'économies qui devraient porter sur plusieurs milliards d'euros, en rabotant notamment les niches fiscales.

Ce plan sera d'ailleurs au centre d'une rencontre entre M. Sarkozy et son Premier ministre François Fillon juste avant le sommet franco-allemand mardi.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a quant à elle appelé lundi les Etats du monde entier, et en premier lieu les «économies avancées» à ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette.

«Le rééquilibrage budgétaire doit résoudre une équation délicate en n'étant ni trop rapide no trop lent», écrit Mme Lagarde dans une tribune publiée par le Financial Times et intitulée «Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale».

L'arrière-plan économique semble, lui, toujours aussi morose. Dans sa note mensuelle publiée dimanche, l'Institut de la finance internationale (IIF) fait ainsi part de son pessimisme pour 2011.

Selon cette association d'institutions financières, principal lobby mondial des banques, les responsables politiques pourraient «freiner une croissance déjà fragile», faute notamment d'avoir remédié à certaines «faiblesses institutionnelles».