Les résultats des «stress tests» sur les banques européennes, qui ont recalé 8 des 90 établissements mis à l'épreuve, n'ont pas suffi à rassurer sur la résistance du secteur qui continue à souffrir de l'attentisme des dirigeants de la zone euro face à la crise grecque.

La publication des résultats, vendredi après la fermeture des marchés européens, n'a offert aucune respiration aux valeurs bancaires, qui ont repris dès lundi leur glissade en Bourse.

Peu après 14H00 (08H00 heure de Montréal), la banque française Société Générale perdait 4,48%, les allemandes Commerzbank et Deutsche Bank respectivement 2,24% et 2,78%, l'italienne UniCredit 3,47%.

L'insuffisance de fonds propres des huit établissements qui ont échoué ne se monte qu'à 2,5 milliards d'euros au total, selon les résultats de l'Autorité bancaire européenne (EBA), et analystes et investisseurs sont nombreux à juger que l'exercice a été mené de manière plus satisfaisante qu'en 2010.

«Même si le nombre d'échecs est en bas de la fourchette de prévision du marché, nous pensons que ces tests et la quantité d'informations publiées sont plus rigoureux et crédibles que l'an dernier», résume Jon Peace, analyste de Nomura.

Pour autant, les experts pointent dans le scénario retenu deux failles cruciales à l'aune de la menace de contagion de la crise grecque dans la zone euro: la non prise en compte du risque de défaut de paiement d'un pays et la trop faible décote appliquée sur les obligations d'État.

Manque de chance: les résultats des tests ont coïncidé cette année avec une brusque aggravation de la crise des dettes souveraines, les risques liés à une faillite de la Grèce ayant fait flambé par ricochet les taux de l'Irlande, du Portugal et surtout de l'Espagne et l'Italie, troisième économie de la zone.

«Les tests mesurent la solvabilité des banques, mais ce qui est en cause en ce moment, ce n'est pas un problème de solvabilité», a commenté un analyste sous couvert d'anonymat.

En cas de défaut de paiement de la Grèce, les marchés risquent de se crisper et «les banques ne voudront plus se prêter entre elles», poursuit-il, créant «un problème de liquidité, pas de solvabilité».

«Les deux menaces du défaut d'un Etat et du poids de la régulation (lié au nouveau cadre réglementaire dit Bâle III) hantent toujours autant le secteur qu'avant les tests», observent les analystes de Barclays.

Pour soulager les marchés, les conclusions du sommet européen extraordinaire de jeudi sur la Grèce seront plus essentielles que les résultats des tests. «Tant que l'Union européenne n'aura pas réglé cette question, nous pensons que les tests resteront un événement subalterne», résument les analystes d'UBS.

De l'avis général, la décote appliquée aux obligations d'Etat dans le scénario le plus pessimiste retenu pour les derniers tests reste par ailleurs insuffisante, compte tenu de l'ampleur de la crise.

«On aurait dû dire: prenons ce que le marché donne aujourd'hui», c'est à dire la valeur de marché actuelle des obligations d'Etat, fait valoir Alain Tchibozo, analyste de Mediobanca. Dans le cas de la Grèce, la décote atteint près de 50% et 45% pour le Portugal, alors que les hypothèses adoptées pour les tests dépassaient à peine 30%.

Insatisfaits, les analystes de JPMorgan ont procédé à leurs propres tests, beaucoup plus sévères avec les obligations d'Etat, qui ont fait chuter 20 des 27 banques passées au crible.

«Les gens vendent des (titres de) banques en se disant qu'on leur a anonncé la moitié de la couleur», affirme M. Tchibozo. Pour lui, sur la base des éléments publiés, «chacun refait son exercice et obtient ses propres résultats», moins favorables que ceux de l'EBA.