La banque centrale européenne a infligé jeudi un camouflet à l'agence de notation Moody's en décidant de continuer à accepter des titres de dette portugaise dans ses échanges avec les banques du pays.

Par cette décision qui revient de facto à ignorer la mise en garde de Moody's sur la solvabilité du Portugal, la BCE a apporté «une réponse immédiate» à l'agence, a fait valoir son président Jean-Claude Trichet lors d'une conférence de presse à Francfort.

La BCE a levé «jusqu'à nouvel ordre» toute condition relative à la notation de crédit pour les titres de dette portugais qu'elle accepte en contrepartie de prêts, dits «collatéraux», a dit son président.

En clair, elle va ignorer la brutale dégradation infligée par Moody's à la note de solvabilité du Portugal.

Il a justifié cette décision par le fait que le Portugal a engagé des réformes, jugées «appropriées» par les gardiens de l'euro.

Le fonctionnement du système européen prévoit que lorsqu'une banque emprunte de l'argent à la BCE, elle lui apporte des titres en garantie, généralement des titres de dettes émis par son pays.

En temps normal, la BCE n'accepte ces titres que s'ils sont bien notés par les agences, afin de ne pas prendre de risque.

L'institution a toutefois levé cette condition pour les banques irlandaises, grecques et portugaises, qui dépendent presque entièrement de la banque centrale pour fonctionner en raison de la réticence des banques d'autres pays à traiter avec elles.

La décision de Moody's de ranger les obligations du Portugal dans la catégorie des obligations de pacotille (junk bonds) a provoqué un tollé en Europe, s'attirant notamment des critiques de Berlin, Paris et Bruxelles, et relançant le débat sur l'influence des agences de notation.