La Banque d'Angleterre a maintenu jeudi, comme prévu, son taux directeur à 0,5% et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant a été épuisé en janvier 2010, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.

Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire immédiat sur sa décision, ce qui conduira les observateurs à scruter avec attention la publication des minutes de cette réunion, prévue le 20 juillet.

Depuis plus de deux ans, le taux d'intérêt directeur de la banque centrale britannique est figé au niveau historiquement bas de 0,5%, une mesure adoptée en mars 2009 afin d'aider une économie britannique alors en profonde récession.

L'institution avait parallèlement lancé un programme de rachats d'actifs, dont le montant, relevé à plusieurs reprises jusqu'à 200 milliards de livres (223 milliards d'euros), a été épuisé en janvier 2010.

Cette décision du Comité de politique monétaire (CPM) de l'institution est conforme aux attentes des experts, qui avaient tous anticipé un nouveau statu quo.

Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, «la décision de la Banque d'Angleterre de garder son taux directeur à 0,5%, malgré une inflation très largement au-dessus du niveau cible (de 2%, NDLR) et amenée à grimper encore, reflète les sérieuses inquiétudes au sein du CPM sur la mollesse actuelle de l'économie et de ses perspectives».

En effet, l'institution se trouve depuis près d'un an tiraillée entre le dérapage des prix et l'anémie persistante de l'économie britannique.

Si le taux d'inflation est resté inchangé à 4,5% sur un an en mai, il se maintient à un pic depuis deux ans et demi, plus de deux fois supérieur à l'objectif de 2% fixé à la Banque d'Angleterre, et la barre des 5% pourrait être bientôt atteinte.

Cette situation devrait avoir de nouveau poussé deux des neuf membres du CPM à voter pour une hausse du taux directeur, la principale arme dont dispose une banque centrale pour contrer l'inflation.

Mais la tâche de l'institution est rendue particulièrement ardue par des inquiétudes grandissantes sur la vigueur de la reprise de l'économie britannique.

L'Office national des statistiques (ONS) a confirmé le mois dernier son chiffre pour la croissance du 1er trimestre, limitée à 0,5% après avoir baissé d'autant fin 2010.

Des chiffres d'autant plus inquiétants que l'impact des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement ne s'est pas encore totalement fait sentir.

De plus, les minutes de la dernière réunion du CPM ont montré que, sur ses neuf membres, les sept partisans d'un nouveau statu quo ont estimé que la «faiblesse actuelle de la croissance de la demande devrait durer plus longtemps» que prévu, ce qui pour certains pourrait nécessiter de nouvelles mesures de soutien à l'économie.

Un autre membre du comité, Adam Posen, devrait quant à lui se prononcer pour une relance du programme de rachat d'actifs, pour le dixième mois de suite.

De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a procédé jeudi à un nouveau relèvement de son taux directeur, le portant à 1,50%, après un premier resserrement en près de trois ans en avril, afin de lutter contre une inflation jugée trop élevée dans la zone euro à 2,7% sur un an en juin.