La Grèce a adopté mercredi sous haute tension un plan d'austérité crucial pour l'obtention d'une nouvelle aide financière internationale et la préservation de la zone euro, malgré une vive contestation dans la rue, inquiète des sacrifices qu'il implique.

Alors que la police continuait de procéder à des tirs de gaz lacrymogènes juste devant le parlement où étaient rassemblés depuis le matin des manifestants opposés au projet, le plan a finalement reçu 154 voix socialistes, et une voix dissidente de droite sur les 298 députés présents (sur 300 sièges), selon un décompte officiel.

Un député socialiste, Panayotis Kouroublis, a voté contre le plan.

Immédiatement après le vote, le premier ministre, Georges Papandréou, a annoncé l'exclusion du groupe parlementaire de M. Kouroublis, ce qui réduit désormais à 154 voix sur 300 la majorité dont disposera le gouvernement socialiste, confronté dès jeudi à un nouveau vote crucial sur la loi d'application du plan-cadre voté mercredi.

M. Kouroublis avait déclaré peu avant le vote qu'il ne «pouvait pas accepter le chantage» posé par la zone euro entre la faillite du pays et l'adoption du plan jugé «injuste».

Son collègue socialiste Alexandre Athanassiadis qui avait, lui, indiqué auparavant publiquement qu'il voterait contre le projet s'est ravisé, affirmant avoir été «convaincu» par le discours du premier ministre Georges Papandréou à la tribune.

Ce député du département de Kozani (nord-ouest), où se trouve une importante unité de DEI (Électricité de Grèce), proteste surtout contre le projet de privatisation de la DEI prévu dans le plan.

Pour marquer leur opposition à ce projet, les salariés de DEI en grève procèdent d'ailleurs à des coupures de courant sauvages depuis quelques jours touchant aléatoirement les quartiers des grandes villes.

Intitulé «Cadre à moyen terme de stratégie budgétaire», le nouveau plan, dicté par l'UE et le FMI, prévoit d'ici 2015 des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations massives devant apporter 50 milliards d'euros.

Depuis le matin, l'Europe entière avait les yeux braqués sur Athènes. Ce projet était jugé obligatoire par les partenaires de l'Europe pour la poursuite de leur soutien financier, afin d'éviter un défaut de paiement de la Grèce et une mise en danger de la zone euro.

La chancelière allemande Angela Merkel a d'ailleurs salué mercredi l'adoption du plan comme une «nouvelle vraiment bonne», selon un twitt de son porte-parole, Steffen Seibert.

Si la loi d'application est votée jeudi, les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir le 3 juillet pour décider du versement d'une cinquième tranche d'aide sur le prêt de 110 milliards accordé l'an dernier à la Grèce.

Mercredi, depuis le matin la police a tiré des gaz lacrymogènes devant le parlement grec pour tenter de disperser des manifestants pourtant moins nombreux que lors de manifestations précédentes, mais beaucoup plus déterminés.

Des manifestants étaient arrivés très tôt mercredi pour tenter de s'opposer au moins symboliquement au vote du projet, en entourant le parlement.

Dès 01H00 (HAE), la police a procédé à de premiers tirs de gaz lacrymogènes sur des petits rassemblements qui tentaient de bloquer les grands axes autour d'Athènes.

La grève générale de 48H entamée mardi perturbait par ailleurs pour la deuxième journée les transports aériens, immobilisant aussi les ferries dans les ports. Les banques et les pharmacies étaient fermées, le secteur public paralysé.